Toc toc : Les joyeux naufragés
Scène

Toc toc : Les joyeux naufragés

Toc toc, une comédie dont la minceur du propos est compensée par le talent des interprètes.

À Paris, la comédie sur les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) de Laurent Baffie, le fou du roi de la version française de Tout le monde en parle, tient l’affiche depuis plus d’un an. Adaptée par Jean-Philippe Pearson, la pièce s’installe ces jours-ci au Monument-National dans une mise en scène de Carl Béchard. Bien que les six comédiens défendent leurs personnages de toqués avec une ferveur indéniable, l’oeuvre offre si peu de matière intellectuelle ou dramatique que l’aventure tourne assez rapidement en rond.

Les six personnages, tous affligés d’un TOC, se retrouvent dans la salle d’attente du Dr Stern, éminent psychiatre aux méthodes apparemment révolutionnaires et radicales. Mais le spécialiste est en retard, très en retard. Si bien que nos six obsédés finissent par s’administrer eux-mêmes une petite thérapie de groupe. S’il fallait trouver un intérêt à ce huis clos, ce serait sans doute l’évolution des rapports entre les protagonistes. Il est amusant, du moins pendant un certain temps, de voir comment les toqués apprennent à se moquer du malheur des autres pour, finalement, arriver à se moquer de leurs propres troubles.

Après une quinzaine de minutes de "réchauffement", Marcel Leboeuf prend de l’aisance et une impressionnante vitesse de croisière qu’il tiendra jusqu’à la toute fin. Son personnage de chauffeur de taxi obsédé par les chiffres est de loin le plus drôle et le plus attachant de la bande. Dans la peau d’une victime de palilalie, Émilie Bibeau répète tout ce qu’elle dit et sur le même ton. On rit presque chaque fois qu’elle ouvre la bouche, c’est-à-dire deux fois plutôt qu’une. Olivier Morin incarne un perspicace jeune homme qui a un faible pour la symétrie et une peur terrible des lignes. Les contorsions qu’il exécute font beaucoup rire. Malheureusement, les personnages d’Edgar Fruitier (atteint du syndrome de La Tourette), de Pascale Montpetit (obsédé par les microbes) et d’Élisabeth Chouvalidzé (terrorisé par l’idée d’avoir laissé un rond de poêle allumé) sont moins savoureux.

À cette galerie de dérangés sympathiques, ce séjour dans la salle d’attente du Dr Stern apprend qu’il ne faut pas espérer la guérison complète, mais plutôt apprécier les moindres améliorations. Si la morale est positive, elle tient tout de même, il faut le dire, de l’évidence.

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Beyond Therapy, de Robert Altman