Zorro : Bas les masques!
Scène

Zorro : Bas les masques!

Zorro, le 55e spectacle du théâtre La Roulotte, est littéralement porté par la dérision.

Depuis un mois et pour trois semaines encore, l’équipe du théâtre La Roulotte effectue un grand tour de l’île avec Zorro, la 55e production de la compagnie fondée en 1952 par Paul Buissonneau. Inépuisable, le mythe de Zorro a donné lieu à une multitude de téléséries, dessins animés, films et romans. Cette fois, c’est Jean-Stéphane Roy (adaptation) et Vincent-Guillaume Otis (mise en scène) qui revisitent les aventures du héros imaginé en 1919 par l’écrivain états-unien Johnston McCulley.

Lundi dernier, au soleil couchant, enfants et parents s’étaient réunis au parc Beaubien pour communier une nouvelle fois à la noble quête du justicier masqué. Le court spectacle, qui nous transporte au début du 19e siècle, dans une Californie soumise au terrible gouverneur Monasterio, est littéralement porté par la dérision. D’entrée de jeu, Bernardo, le fidèle serviteur à qui les "méchants" ont arraché la langue, arrive inexplicablement à pousser un chant flamenco puis à nous servir de narrateur! C’est le premier d’une suite de clins d’oeil et d’incongruités dont la plupart font beaucoup rire. Quand don Diego de la Vega revient d’Espagne, son défunt père lui apparaît (comme à Hamlet) et le somme de combattre l’injustice. C’est alors que le timide jeune homme revêt son masque, empoigne son épée et devient le brave Zorro. S’ensuivent les traditionnelles poursuites, les combats chorégraphiés et un désopilant montage des exploits du héros, des gestes aussi courageux que sauver la vie d’un chat, inciter les citoyens au recyclage ou encore ouvrir un pot de poudre à pâte récalcitrant!

Dans le rôle de l’astucieux caballero à l’accent espagnol, Vincent Fafard, leste et basané, a le profil de l’emploi. Malgré tout, son interprétation manque un peu de mystère. Dans les habits du désopilant Bernardo, Bruno Paradis s’en tire fort bien. La scène où il se prend pour le grand maître de Karate Kid est savoureuse. Si Marie-Evelyne Baribeau est convaincante dans le rôle de la belle et insoumise Isabella, Guillaume Cyr et Anne-Elisabeth Bossé le sont encore plus. Une fois encore, les méchants sont les personnages les plus intéressants, voire les plus sympathiques. Sous ses allures de crapule ignoble, Monasterio est un poltron de première. Quant à sa "bichonne", la perfide Elena Torres, elle n’est pas sans évoquer la Criquette du Coeur a ses raisons. Il n’y a pas à dire, Bossé et Cyr font une belle paire. Il ne serait pas exagéré de dire que le spectacle repose sur les épaules de ces deux acteurs qu’il faudra suivre.

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