Saltimbanco : Heure de pointe
Scène

Saltimbanco : Heure de pointe

L’emblématique spectacle du Cirque du Soleil Saltimbanco poursuit sa tournée nord-américaine dans sa version "aréna". Après London, Ontario, voilà qu’il s’installe à Ottawa.

Créée en 1992 à Montréal, la production Saltimbanco du Cirque du Soleil a été présentée sous chapiteau devant 9,5 millions de spectateurs, à raison de 4000 représentations; une tournée qui l’a menée dans 60 villes à travers le monde. Elle fait maintenant peau neuve avec une formule qui visitera plus de 40 arénas, rejoignant des foules de 4000 à 5000 spectateurs chaque soir.

Prenant racine dans le dernier tournant du siècle, Saltimbanco (qui veut tout simplement dire "sauter sur un banc") repose sur la prémisse de l’important exode rural que l’on annonçait alors. "Lors de la création en 1992, on prédisait qu’en 2020, 50 % de la population mondiale allait vivre dans les villes… Le mois dernier, j’ai lu dans un magazine qu’en 2007, on est à 40 % de la population qui réside dans les centres urbains. On n’est pas très loin de la prédiction de l’époque", constate depuis London Carmen Ruest, directrice de création de Saltimbanco en aréna.

Le spectacle itinérant s’ancre ainsi dans le milieu frénétique de l’urbanité, en y transposant son éclectisme, tout comme son réseau de paradoxes. "On se trouve ainsi dans une ville imaginaire… commence Mme Ruest. Des gens quittent la campagne pour les grands centres. Ça part donc de la famille, de l’enfant, de la naissance, vers une transformation; les gens arrivent, ils doivent effacer une identité quidam pour ensuite s’éclater. Ainsi, après la première partie, uniforme, naïve, on poursuit avec l’univers des cabarets et de la décadence dans la deuxième partie, avec des acrobates aux personnalités bien définies."

Ce n’est donc pas un portrait sombre, affecté et malpropre que l’on dépeint de la ville, mais son penchant éclaté, vivant, bigarré. "On voulait parler d’urbanité pour assurer aux générations qui viennent de la joie et du bonheur dans les villes", atteste Carmen Ruest, qui travaille au Cirque du Soleil depuis ses débuts en 1984. "Par conséquent, c’est un spectacle très coloré, amusant. C’est un bol de joie! On n’est pas allés dans les ruelles du tout, plutôt dans la joie de vivre, l’échange entre les gens, la communication."

L’ambiance baroque, cosmopolite de la ville est exprimée par la musique funky et groovy signée René Dupéré – qui a remis sa trame sonore "au goût du jour" , par la scénographie, les costumes et le maquillage colorés, qui font la part belle aux trois nouvelles couleurs primaires des années 90, soit le magenta, le cyan et le jaune, alors que les appareils acrobatiques sont dorés. Hautement acrobatique, le spectacle comporte trois principaux numéros de haute voltige faisant appel aux 26 acrobates de la troupe maison, soit les mâts chinois, la balançoire russe et les bungees – "premier numéro de la sorte à l’époque".

La reconfiguration de Saltimbanco a nécessité d’importants changements d’ordre technique, notamment quant à la hauteur de la scène, à la sonorisation et aux éclairages. Autrement, un seul numéro – celui du double fil de fer – a dû être remplacé parce que l’accrochage en était trop compliqué; un numéro de bicyclette artistique le remplace. "C’est un spectacle hors du temps. Il n’a pas d’âge. Il a 14 ans, mais il pourrait être nouveau cette année et on aimerait ça. Je suis un peu jalouse des gens qui vont le voir pour la première fois en fait (rires)", conclut en toute honnêteté Carmen Ruest.

Jusqu’au 12 août
À la Place Banque Scotia
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