Marc LeMyre : La face cachée des mots
Marc LeMyre propose une revisite étonnante des sentiers mille fois empruntés du langage. Voyage en poésie électrique.
L’étrange créateur Marc LeMyre est un poète qui étend son champ/chant de la photo à la musique, en passant par le conte et le théâtre: "La poésie, c’est un véhicule polymorphe qui va prendre différents visages selon les zones expressives dans lesquelles je travaille", illustre-t-il. C’est donc dans ce format "portable" qu’il nous présente un objet scénique unique dans le cadre du Festival Zones Théâtrales.
Cet artiste touche-à-tout a fait ses preuves; il a notamment reçu un prix Trille Or en 2005 pour son album …gaga pour ton zoom (2003). Ses jeux d’esprit rappellent les Raôul Duguay de ce monde et son flow, Lucien Francoeur ou ces conteurs qui se réapproprient la scène depuis quelques années. On explore dans son oeuvre la part d’inconnu du plus banal exercice qui soit, celui du langage quotidien. Pour Marc Lemyre, le mot est matière à réfléchir, à façonner, à déconstruire, à s’amuser d’abord. "Dans la poésie, pour moi, l’aspect ludique est important parce que c’est ça la poésie: un jeu avec la langue", articule LeMyre. Il qualifie son art de "poésie électrique", et c’est sous format portable "Version Pile Al Kkaline" qu’il la transporte depuis 2004, multipliant les audiences devant des publics bigarrés qui contribuent à le différencier des autres musiciens: "Dans la musique pop, les auditoires sont très ciblés. En poésie ou en théâtre, il y a des gens de tous les âges, tu interagis avec les gens autour, il y a un côté "communion"."
La poésie électrique, version pile Al Kkaline se distingue ainsi des formes traditionnelles de poésie ou de représentations orales. Toujours à la recherche de nouveauté, Marc LeMyre accompagne ses textes d’une musique originale qui vient souligner et faire gigoter les vers. "Dans mon spectacle, il y a des moments de silence, des moments bruitistes, des moments ludiques. En fait, le but, c’est d’essayer de faire vivre la parole en liberté", précise le Torontois d’origine québécoise. Les musiciens Chris Chiasson et Olivier Fairfield l’accompagnent d’ailleurs sur scène, où sont également projetées les images de Dave Eagan. Cet appui visuel permet d’ancrer dans le symbolique ces insolites envolées philosophiques où "la parole est un ballon qui est frappé entre des images, des sons, de la musique et du bruit".
Pour LeMyre, "la poésie est comme un canot que tu garroches sur le fleuve du langage et à partir duquel tu peux aller où tu veux". Cet énergumène risque de décoincer ceux qui doutent encore qu’on puisse faire rimer poésie et plaisir, car il semble bien déterminé à transmettre sa passion pour les mots, dans toutes leurs vérités: "Les mots stimulent notre intellect, mais parfois tu peux les utiliser de façon intuitive." Il faut donc prendre le temps de connaître le véhicule, sa poésie électrique, car malgré son apparente extravagance, elle permet de singulières randonnées dans un univers qu’on ne connaît finalement qu’à peine et qui fait partie intégrante de notre rapport au monde.
Les 9 et 10 septembre à 20h
À la Basoche
Dans le cadre du Festival Zones Théâtrales