Martine Laliberté et Nancy Roberge : Tissu social
Scène

Martine Laliberté et Nancy Roberge : Tissu social

Martine Laliberté et Nancy Roberge signent, avec Marie-Claude Gamache, Femmes à coudre, une réflexion théâtrale sur les femmes et la religion.

Après nous avoir entraîné en 2004 dans le milieu de la prostitution du quartier Centre-Sud avec un troublant déambulatoire intitulé Je sais pas si vous êtes comme moi, la Cellule lumière rouge de Mise au jeu nous guide maintenant vers la réalité religieuse des femmes de la métropole avec Femmes à coudre.

Marie-Claude Gamache, Martine Laliberté et Nancy Roberge sont toutes trois liées à Mise au jeu, une compagnie d’intervention théâtrale participative qui produit depuis 16 ans des oeuvres originales reflétant les enjeux cruciaux de la société. Il y a trois ans, les créatrices ont ressenti le besoin de travailler dans une plus grande autonomie afin de creuser sans contraintes des questions qui les taraudent personnellement. Nancy Roberge explique: "La Cellule lumière rouge est née du désir de parler de ce qui nous touche, nous, comme femmes, de ce qui nous préoccupe, nous interroge, nous perturbe." Martine Laliberté ajoute: "On voulait aussi explorer des nouvelles formes de théâtre. C’est-à-dire trouver à chaque fois la forme qui correspond au projet, celle qui est capable de rendre compte du travail d’imprégnation, de tout ce qu’on a accumulé pendant deux ans de recherche."

THÉÂTRE IN SITU

Pour réfléchir sur la religion des femmes, les créatrices de Femmes à coudre ont décidé de situer l’action (et la représentation) de leur spectacle dans une manufacture textile de la rue de Gaspé. Martine Laliberté explique ce qui a incité la compagnie à opter pour un théâtre in situ: "En fait, la manufacture est une métaphore, un microcosme qui permet la coexistence de femmes appartenant à plusieurs cultures et confessions religieuses." Nancy Roberge ajoute: "Si ça se déroule dans le milieu textile, c’est aussi parce qu’on était interpellées par nos rapports aux vêtements, qu’il s’agisse du voile des musulmanes ou de la mode nord-américaine où on a le nombril à l’air."

Ainsi, dans une usine de textile où les machines à coudre sont encore tièdes, affecté à un quart de travail, mêlé aux comédiens – Monia Chokri, Isabel Dos Santos, Richard Lemire et Claudine Paquette -, le spectateur se verra attribuer un personnage. Guidé par la voix du contremaître, du prêtre, de l’imam, du rabbin ou du gourou, il reproduit, comme un rituel, les gestes qu’exécute machinalement l’ouvrière. Nancy Roberge: "Dans le rituel des machines, il y a un conditionnement qui fait étrangement écho à celui des religions."

Les femmes qui travaillent dans ces manufactures, ce sont nos voisines. On a beau les côtoyer chaque jour, on sait bien peu de choses sur leur réalité. Avec Femmes à coudre comme avec Je sais pas si vous êtes comme moi, le spectateur a le privilège d’entrer dans un univers qui lui est pratiquement étranger, auquel il n’aurait pas accès autrement. Nancy Roberge: "Le but c’est d’offrir un regard, une perception différente, d’ouvrir ou de changer l’angle de vue, de déstabiliser nos positions confortables."

Pour construire le spectacle, les membres de la Cellule lumière rouge ont rencontré plus d’une vingtaine de femmes, accumulé plus de vingt heures d’enregistrement. D’origines et de croyances diverses, les femmes rencontrées ont accepté de dévoiler leur vie avec ou contre Dieu. Nancy Roberge: "Ces femmes ont fait preuve d’une générosité peu commune. Parler de ses croyances, de sa spiritualité, c’est très intime. Leurs témoignages démontrent que la limite entre ce qui est religieux et ce qui est culturel est très floue."

Du 4 au 22 septembre
Au 5445, rue de Gaspé
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