La rentrée danse : Mouvements de masse
Scène

La rentrée danse : Mouvements de masse

La rentrée danse invite à prendre le risque de la découverte tout en réservant de grands moments d’extase.

Au Québec, on apprécie d’autant plus les pièces pour grands groupes que peu de nos compagnies bénéficient d’enveloppes budgétaires suffisantes pour en créer. De ce point de vue, la saison démarre magnifiquement. Invitée par Karine Ledoyen pour son projet Osez!, la chorégraphe de Québec Lydia Wagerer crée une pièce pour 14 interprètes. On peut suivre pendant quatre jours l’évolution de son travail sur les quais du Vieux-Port. Dans le même temps, le même nombre d’artistes occupent la scène de l’Usine C pour Lugares Comunes, la nouvelle et très minimaliste création de Benoît Lachambre.

Septembre se termine sur une note zen avec le retour des 20 danseurs envoûtants du Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan et l’oeuvre calligraphique de Lin Hwai-min. Les interprètes de la Batsheva Dance Compagny, dirigée par le célèbre Ohad Naharin, sont tout aussi nombreux pour nous faire découvrir le travail tonique et sensuel de Sharon Eyal. Les 12 membres de la Compagnie Marie Chouinard les auront précédés sur la scène du Théâtre Maisonneuve pour la reprise de Body Remix/Les Variations Goldberg. Quant aux Grands Ballets Canadiens de Montréal, ils ouvrent leur saison avec une refonte de la Cendrillon du Belge Stijn Celis et terminent l’année avec le traditionnel Casse-Noisette.

TETES D’AFFICHE

Daniel Léveillé s’offre un retour sur son parcours artistique en remontant une pièce majeure de son oeuvre, Le Sacre du printemps, créée en 1982 avec une majorité de femmes et revisitée cette fois par des hommes. Louise Bédard revient sur scène à l’occasion de Festival international de littérature avec une création sur le thème de l’autisme. Sans doute inspirée par les triptyques de Puzzle Danse, Estelle Clareton partage une soirée avec le chorégraphe Harold Rhéaume et l’auteure-metteure en scène Catherine La Frenière, tandis que Manon Oligny est jumelée à la Française Anne-Marie Boisvert pour sa première visite au Québec.

Juste avant la reprise d’Anatomies, de José Navas, on aura vu une création de Crystal Pite qui réunit autour d’elle une brochette de talents, dont le couple bientôt mythique de Victor Quijada et Anne Plamondon. Emmanuel Jouthe est très attendu avec le trio masculin Staccato Rivière où il danse, entre autres, avec le charismatique Masaharu Imazu. Andrew de Lotbinière Harwood improvise au Studio 303 avec deux maîtres du genre: Nancy Stark Smith et Mike Vargas. Quant à la danseuse tétraplégique France Geoffroy, elle présente la version intégrale d’une pièce poétique et drôle signée John Ottman.

SAVEURS EXOTIQUES

Les échos de l’Afrique résonnent dans notre automne avec les danses percussives de Ghislaine Doté, Zab Maboungou, Aboubacar Mané et la formation Taafé Fanga, qui prolongent dans Verdun le festival Transatlantique Montréal qui a lieu dans Hochelaga en début de saison. On y verra la Française d’origine béninoise Julie Dossavi en plus de Jane Mappin, Claude Godin, Sarah Williams, Sasha Ivanochko et le Ballet Flamenco Arte de España. La venue de Nora Chipaumire, new-yorkaise d’origine zimbabwéenne, est à ne pas manquer. Elle s’inscrit dans la série Circulations, de Tangente, qui mêle innovation et tradition en accueillant également trois Français de souches algérienne et tunisienne et en reprogrammant un voyage en Inde avec le couple Julie Beaulieu et Jonathan Voyer. Invitée par Danse Danse, Natasha Bakht offre quatre solos où se mêlent bharata natyam et danse contemporaine. Venus d’Europe, Jordi Cortés et Damián Muñoz nous proposent une percée dans l’avant-garde barcelonaise, tandis que le Bulgare multidisciplinaire Ivo Dimchev nous invite au Studio 303 pour le spectacle le plus confrontant de la saison.

RELÈVE ET RECHERCHE

Pendant que Frédérick Gravel et Normand Marcy inaugurent la seconde saison du projet de recherche Clash, Jacques Poulin-Denis poursuit sa collaboration avec Mélanie Demers pour reprendre la série des Vernissages-danse du Studio 303. Ces soirées sont un excellent moyen de découvrir les artistes émergents, tout comme les deux semaines de Danses buissonnières de Tangente. À voir également dans la petite salle de la rue Cherrier, les soirées hétéroclites de la série Génération bigarrée et celles de la série Zones où l’on retrouvera, entre autres, Christiane Bourget et Anne Thériault. Enfin, les parents d’enfants de 4 à 8 ans s’offriront à la mi-décembre la pièce de Catherine Gaudet, et les fans de Dominique Porte ne manqueront pas sa chorégraphie dirigée pour les élèves de l’UQAM.