Les adaptations : À la source
Les adaptations sont légion parmi les spectacles de la rentrée théâtrale de cet automne.
Ce n’est pas d’hier que le théâtre s’abreuve à la littérature, à la philosophie et au cinéma, mais c’est particulièrement vrai, cet automne, alors qu’une quinzaine de représentations sont inspirées d’une oeuvre préexistante.
LES ANCIENS
En septembre, au Théâtre du Nouveau Monde, Alexis Martin fouille nos origines en adaptant L’Iliade, d’Homère, avec une brochette de collaborateurs exceptionnels. En novembre, à la Salle Fred-Barry, Peter Batakliev joue et met en scène La dernière nuit de Socrate, une pièce du Bulgare Stefan Tsanev sur le sort de cet éveilleur de conscience qui fut condamné à boire la ciguë. À l’Espace Libre, Olivier Kemeid adapte rien de moins que l’Énéide, de Virgile, l’histoire encore bien actuelle d’un groupe d’individus déracinés, en quête d’une vie meilleure.
LES XVIIE ET XVIIIE SIECLES
En septembre, au Studio du Monument-National, Igal Ifergan met en scène Jacques et son maître, une délicieuse pièce inspirée à Milan Kundera par le roman et les lumières de Diderot. Au Théâtre du Rideau Vert, Alexandre Marine dirige Sylvie Drapeau, Lise Roy et huit autres comédiens dans Marie Stuart, une pièce inspirée à Schiller par la rivalité qui opposa, au XVIe siècle, Marie Stuart, reine d’Écosse, et Elizabeth 1re, reine d’Angleterre. En novembre, au Théâtre d’Aujourd’hui, Antoine Laprise reprend son irrésistible adaptation du Discours de la méthode. Quand le Théâtre du Sous-Marin Jaune prend l’oeuvre et le destin d’un philosophe comme Descartes (1596-1650) à bras le corps, ça déménage!
LE XXE SIECLE
En septembre, à la Cinquième Salle, Jean-Louis Trintignant livre, avec trois comparses, le Journal teinté d’ironie désabusée et d’humour acide de Jules Renard, et Loui Mauffette reprend Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, un happening pour 20 acteurs mettant en vedette les mots de Gauvreau, Morrison, Duras et bien d’autres. Au Prospero, le Groupe de la Veillée reprend Une trop bruyante solitude, le spectacle qu’a tiré Téo Spychalski du roman de Bohumil Hrabal, une percutante dénonciation de l’anéantissement des valeurs de l’humanité par les totalitarismes du XXe siècle.
En novembre, à la Salle Fred-Barry, Manon Lussier dirige 11 jeunes acteurs dans Gala novarinaire, un assemblage des écrits singuliers de Valère Novarina. À la Cinquième Salle, le comédien français Sami Frey lit Cap au pire, un texte publié par Beckett en 1983. Au Prospero, Oleg Kisseliov adapte La Métamorphose, de Kafka, sous la bannière de La Veillée. Dans le rôle de Gregor Samsa, nul autre que Jean-François Casabonne, un acteur qu’on imagine parfaitement dans l’univers de l’écrivain tchèque.
LE 7E ART
En décembre, à la Cinquième Salle, Michel Lemieux et Victor Pilon, les têtes dirigeantes de la compagnie 4D art, dévoilent Norman, un hommage multimédia au génie du cinéaste canadien Norman McLaren. Finalement, à l’Usine C, Paula de Vasconcelos règle ses comptes avec Quentin Tarantino. Mettant en vedette Alexandre Goyette, Sylvie Moreau et six autres interprètes, Kiss Bill devrait permettre à la metteure en scène et chorégraphe de Pigeons International de questionner en profondeur son rapport à l’univers brutal et pourtant esthétique et fascinant du cinéaste états-unien.