Les solos : Seul à seul
Les solos sont très présents cet automne dans les théâtres de la métropole.
Au théâtre, par les temps qui courent, les solos pullulent. Pour certains, il s’agit d’une pratique emblématique d’une époque individualiste, voire nombriliste. Pour d’autres, c’est le contexte de création rêvé, celui qui évite toutes formes de compromis. Pour d’autres encore, c’est la structure idéale pour réduire les dépenses et faire de la tournée. Quoi qu’il en soit, il faut admettre que les oeuvres solos passionnent les créateurs autant que les spectateurs. Survol des solos que l’automne nous réserve.
CREATIONS
En septembre, à l’Espace Libre, Erwin Weche défend Moi chien créole, un texte du Martiniquais Bernard Lagier. Après Cette fille-là, le metteur en scène Sylvain Bélanger, directeur du Théâtre du Grand Jour, est en train de devenir un expert en solo. Au Théâtre d’Aujourd’hui, Serge Dupire, qui n’a pas foulé une scène québécoise depuis 20 ans, défend Je suis d’un would be pays, un texte où François Godin pose avec beaucoup de finesse la question de l’identité. En octobre, à l’Usine C, Marie Brassard, qui nous a donné de brillants solos, est de retour avec Around Polo’s Fantasy, une oeuvre au titre provisoire qui ne sera peut-être pas un solo puisqu’il s’agit du fruit d’une rencontre avec l’auteur et comédien Louis Negin.
En novembre, au Gesù, Vincent Brillant-Giroux propose une Rencontre illégale avec un robot artiste, un alliage de flamenco, de futurisme et de métaphysique. À l’Espace Libre, Larry Tremblay, un maître en matière de solo, reprend Le Déclic du destin, un texte délicieusement kafkaïen qu’il a créé en 1988. Cette fois, Francine Alepin, de la compagnie Omnibus, est à la mise en scène. Au Théâtre de l’Esquisse, Isabelle de Montigny interprète, sous la houlette de Patrick Palmer, les Trois sombres textes pour actrice éclairée de Marie-Ève Gagnon, une incursion dans l’univers de trois femmes écorchées par la vie. En décembre, à La Licorne, le Théâtre Urbi et Orbi propose ses traditionnels Contes urbains, des solos qui font rire et frissonner. Élaborée sous le signe du bilinguisme, la cuvée 2007 pourrait bien contenir un texte de Michel Tremblay.
REPRISES
En septembre, à La Licorne, le Théâtre L.I.F:T reprend King Dave, un solo couronné de deux Masques. Sous la houlette de Christian Fortin, Alexandre Goyette défend ses mots avec une rare conviction. Dans la salle 2 de l’Espace Go, Vincent Magnat retrouve Monsieur Malaussène au théâtre. Mis en scène par Marc Béland, le monologue de Daniel Pennac sur les affres de la paternité a obtenu beaucoup de succès lors de sa création en novembre dernier. À la Petite Licorne, Frédéric Blanchette entre à nouveau dans la peau de Danny, le personnage-conteur de Trains fantômes, un émouvant solo du Canadien Mansel Robinson traduit par Jean Marc Dalpé et mis en scène par André Perrier, directeur du Théâtre Triangle Vital.
En octobre, à l’Espace Go, Patrice Dubois, nouveau codirecteur artistique du Théâtre PàP, reprend Everybody’s Welles pour tous, un vibrant hommage au cinéaste Orson Welles. Au Théâtre du Nouveau Monde, Yves Jacques se glisse dans les habits de Robert Lepage pour s’approprier les multiples personnages du miraculeux Projet Andersen. Finalement, au Studio 303, la Belge Marjis Boulogne offre La Leçon d’anatomie, un solo sur les cycles de la vie qu’elle promène dans divers festival depuis 5 ans.