Marie Villeneuve : Sur le fil ascendant
Scène

Marie Villeneuve : Sur le fil ascendant

De l’improvisation musicale aux productions des Têtes Heureuses, Marie Villeneuve ne manque pas d’opportunités pour cultiver sa passion de la scène. Elle ne fait pas du "théâtre de région", mais du "théâtre en région"!

Dès sa plus tendre enfance, Marie Villeneuve a baigné dans le milieu théâtral. Fille du metteur en scène Rodrigue Villeneuve, les salles de spectacle ont constitué ses terrains de jeu: elle a grandi dans la fièvre des répétitions et l’excitation des soirées de première. Si elle ne s’attendait pas à suivre le sillage familial, préférant d’abord étudier en communication à l’Université Laval puis en cinéma à l’UQAC, elle s’est finalement tournée vers l’art dramatique, où elle a trouvé sa place. Ce choix, s’il a été repoussé jusqu’à la limite, s’est avéré judicieux. La feuille de route de Marie Villeneuve n’a pas cessé de s’étoffer depuis l’invitation de Sophie Larouche du Théâtre 100 Masques, qui lui a proposé un rôle dans Les Sorcières de Salem d’Arthur Miller. Par la suite, d’autres productions l’ont accueillie dans leur distribution: elle a joué dans JOB et Onan de Martin Giguère, Le Pain dur de Claudel, Les Femmes lavande de Marie-André Lamothe, Les Précieuses ridicules et Le Misanthrope de Molière, La Serva amorosa de Goldoni du Cabaret du Grand Écart et Toilette de soirée du Théâtre La Rubrique. Mais sa carrière a vraiment pris son envol dans la pièce 4.48 Psychose de Sarah Kane, où elle a offert une performance mémorable avec l’aide de Christian Ouellet à la mise en scène, Cindy Dumais à la scénographie et Alexandre Nadeau à l’éclairage. Actuellement, elle continue son ascension en préparant ses valises pour partir en tournée avec la troupe des Têtes Heureuses qui ira présenter Capitaine Fracasse au public de la capitale canadienne.

En 2006, un projet totalement casse-cou voyait le jour au Petit Théâtre de l’UQAC grâce aux efforts des concepteurs et des acteurs de Capitaine Fracasse, adaptation théâtrale du volumineux roman de Théophile Gauthier. Presque un an après avoir donné vie à cette histoire de capes et d’épées sur les planches saguenéennes, l’équipe des Têtes Heureuses la fera revivre à la Salle académique de l’Université d’Ottawa les 7 et 8 septembre prochains dans le cadre du Festival Zones Théâtrales. Au dire de Marie Villeneuve, "Capitaine Fracasse, c’est une aventure complètement folle pour laquelle nous n’avions aucune attente, et en fin de compte c’est un spectacle que les gens adorent, qui marche beaucoup, et qui va finir sa route à Ottawa". Rappelons-le, dans cette audacieuse production de quatre heures, Marie Villeneuve prend les traits de Chiquita, une enfant dangereuse et sauvage. Et dans quelques mois, en novembre, avec la même compagnie, la comédienne délaissera ce personnage attachant mais inquiétant pour incarner Sémira dans Guerre de Lars Norén. Dans cette saga familiale contemporaine, un père devenu aveugle revient de la guerre pour découvrir que sa famille a été ravagée et métamorphosée pendant son absence. Selon Marie, les gens ont beaucoup à apprendre de ce texte magnifique: "C’est atroce, mais ça existe pour de vrai. C’est un aspect de l’humanité que l’on connaît mal." Sur ces accents tragiques, l’actrice poursuivra donc sa lancée en récitant les paroles émouvantes d’une jeune femme violée. Cependant, d’autres activités lui permettront de rendre le sourire et la bonne humeur aux spectateurs qui viendront la voir.

Si elle possède un talent indéniable pour émouvoir les amateurs de théâtre, Marie Villeneuve s’avère aussi une musicienne accomplie. À l’âge de quatre ans, elle commençait déjà à suivre des cours de violon, et durant une certaine période, elle a fait partie du groupe Demain j’arrête. Malgré qu’elle n’ait jamais envisagé un avenir professionnel en tant que violoniste, Marie se joint pour une autre saison aux musiciens de la Ligue d’improvisation musicale du Saguenay: "Je suis sortie de mon garde-robe, et maintenant je fais de l’impro." Cette expérience cause pourtant plus d’un souci à Marie Villeneuve qui, sous des dehors sérieux et détachés, ressent une peur terrible chaque fois qu’elle monte dans l’arène d’impro musicale. Seulement, elle peut compter sur l’appui de ses coéquipiers Alain Dûchesnes, Guillaume Tremblay, Stéphane Bouliane et Stéphane Beaulieu, qui portent le chandail du Transit. Lorsqu’on demande à Marie pourquoi elle continue à relever ce défi si difficile à surmonter, elle répond avec des mots qui témoignent de son amour inconditionnel pour la pratique de la musique: "Les deux dernières notes d’un morceau te disent si c’est réussi. C’est un moment de flottement incomparable juste avant les applaudissements." Bientôt, le 10 octobre à 20h, elle combattra de nouveau son angoisse au profit des auditeurs qui auront la chance de l’écouter au Côté-Cour de Jonquière.

L’implication de Marie Villeneuve dans le milieu culturel régional ne s’arrête pas là. En plus de toutes ses autres occupations, cette polyvalente et dynamique membre de la relève artistique occupe l’emploi de chargée de projet pour ManiganSes. Lors des festivités de l’Entre-deux-ManiganSes, du 14 au 16 septembre, elle coordonnera d’ailleurs les différents spectacles de marionnettes choisis par le directeur artistique, Éric Chalifour. Ainsi, en tirant les ficelles de mille et un projets, Marie Villeneuve s’efforce de rendre possible une vie culturelle au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et tout porte à croire que parallèlement à sa noble mission, elle réussira à réaliser ses rêves les plus fous.