Valeurs sûres
Scène

Valeurs sûres

L’affiche théâtrale, cet automne, propose un choix de textes surtout contemporains, se déclinant en spectacles aux tonalités variées. Voici, à surveiller, quelques jalons de la saison.

À la Bordée, un texte marquant de la dramaturgie québécoise ouvre la saison. Un simple soldat, dont c’est le 50e anniversaire cette année, présente, au lendemain de la 2e Guerre mondiale, la quête et le mal de vivre de Joseph Latour, soldat démobilisé, revenu au pays avant d’avoir pu combattre. Qu’en est-il de la révolte de ce jeune homme cherchant un sens à sa vie et du portrait que peint Marcel Dubé de la société québécoise, 50 ans plus tard? Quel écho ce classique du théâtre québécois rencontre-t-il aujourd’hui? C’est ce que permettra de constater cette production, mise en scène par Jacques Rossi.

Au Périscope, le Théâtre Les Trois Soeurs, qui nous a habitués à un théâtre intimiste, sensible, nous revient. Après Inventaires et Chambres, deux pièces de Philippe Minyana, la compagnie nous offre un texte de Xavier Durringer: Histoires d’hommes. On y rencontre une femme qui, d’un tableau à l’autre, nous révèle à travers monologues et personnages les secrets de sa vie. Au centre: ses amours, passionnées, calmes, heureuses ou tristes. Histoires d’hommes propose un théâtre de la confidence, qu’on imagine à la fois drôle et prenant, interprété et mis en scène par Sylvie Cantin.

Phénomène frappant cette saison: plusieurs reprises s’inscrivent à l’affiche de différents théâtres. Ainsi aurons-nous le plaisir de revoir – ou de voir – des spectacles marquants des dernières années. En voici quelques-uns. À la Bordée, c’est d’abord Le discours de la méthode, production du Théâtre du Sous-marin jaune, mettant en vedette l’intarissable Loup bleu et sa meute. Brillant, inventif, plein de finesse et d’humour, voilà un spectacle enthousiasmant qui parle de la philosophie, des sciences et de la vie, en réjouissant l’imagination et l’intelligence. Ensuite, reprise du magnifique En attendant Godot, mis en scène par Lorraine Côté, avec Jack Robitaille et Jacques Leblanc dans le rôle des clochards métaphysiques Vladimir et Estragon. Texte majeur de la dramaturgie, En attendant Godot trouve sous la direction de Lorraine Côté une grande vivacité comique et un surcroît de sensibilité, par le regard plein de compassion que pose la metteure en scène sur ces personnages. Au Périscope, en décembre, deux reprises. D’abord, On achève bien les chevaux, pièce adaptée du roman d’Horace McCoy par Marie-Josée Bastien, qui campe l’action à Québec, dans les années trente. Alliant au jeu danse et mouvement chorégraphié, On achève bien les chevaux est un spectacle percutant, qui raconte l’histoire popularisée par le film de Sydney Pollack: l’espoir fou des concurrents à un marathon de danse, prêts à tout pour sortir de la misère. Enfin, présentation pour la 3e année consécutive d’un spectacle qui est en passe de devenir une tradition des fêtes: le débridé Show d’Vaches au Bitch Club Paradise, spectacle cabaret plein de tendresse, d’énergie et d’humour, où une quinzaine de femmes prennent la parole pour provoquer, faire rire, réfléchir, émouvoir.