Femmes à coudre : Fibre sensible
Femmes à coudre, la deuxième création de la Cellule lumière rouge, aborde avec impartialité, mais émotion, la question particulièrement délicate des croyances religieuses.
Lorsqu’il s’agit de bousculer les idées reçues ou de remettre en cause de vieilles certitudes poussiéreuses, on peut toujours compter sur les nouveaux arrivants. En ce moment, le Québec, plus multiculturel que jamais, traverse peut-être sa plus importante redéfinition sociale depuis les années 60. Inspiré par la conjoncture, les trois directrices de la Cellule lumière rouge, le collectif qui nous avait donné Je sais pas si vous êtes comme moi, un édifiant déambulatoire sur le milieu de la prostitution, ont choisi de se pencher sur les rapports que les femmes entretiennent à la religion. Cette fois, c’est au théâtre d’éclairer les questions d’accommodements raisonnables.
Pour élaborer Femmes à coudre, Marie-Claude Gamache, Martine Laliberté et Nancy Roberge, fidèles aux principes du théâtre d’intervention, ont rencontré une vingtaine de femmes aux origines et aux croyances diverses. De manière à révéler les conflits, la représentation se déroule dans le huis clos d’une manufacture textile, un microcosme qui fait écho à la société plurielle dans laquelle nous vivons. Dans cette expérience théâtrale in situ, le spectateur, une ouvrière parmi tant d’autres, installé derrière une machine à coudre, partage son attention entre les voix et les musiques qui proviennent du casque d’écoute et les allées et venues des quatre comédiens. Monia Chokri incarne la musulmane; Isabel Dos Santos, la couturière en chef, Claudine Paquette, la seule Québécoise "de souche", une adepte d’un amalgame de philosophies nouvel âge, et Richard Lemire, le contremaître autoritaire. Au sein du groupe, il y a de sérieuses rivalités, les croyances des unes entrent solidement en conflit avec celles des autres. Quand ce n’est pas le voile de l’une, ce sont les incantations de l’autre qui causent problème. Dans l’atmosphère étouffante de la manufacture, les esprits s’échauffent vite.
Heureusement, il y a des moments d’espoir, des bouffées d’air frais et des instants d’émouvante solidarité. Grâce aux éclairages de Luc Malette et à la musique de François Lapointe, les ouvrières s’évadent. Quand le vent pénètre par les fenêtres ouvertes, que les draps s’agitent et que les acteurs se mettent à chanter un seul et même air en observant les lumières de la métropole, on se dit qu’il ne serait pas si difficile de faire une force de nos différences.
Jusqu’au 22 septembre
Au 5445, avenue De Gaspé
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