Frank, le garçon boucher : Sa vie en cinémascope
Scène

Frank, le garçon boucher : Sa vie en cinémascope

Michael Delaunoy et Jean Hazel, directeurs artistiques de L’Envers du théâtre (Belgique) et du Théâtre Blanc (Québec), nous proposent Frank, le garçon boucher. Catégorie mixte.

Déjà présentée en Belgique, où Michael Delaunoy est d’ailleurs en nomination pour le prix de la presse culturelle à titre de meilleur metteur en scène, Frank, le garçon boucher, de l’auteur irlandais Patrick McCabe, sera de passage à Québec le temps d’une série de représentations, avant de reprendre la route pour le Nouveau-Brunswick et la Belgique. Évidemment, une telle coproduction comportait ses exigences particulières. "Il ne fallait pas que les gens se demandent: "Pourquoi ceux-là parlent avec tel accent et ceux-là avec tel autre?" lance le metteur en scène. Par exemple, pour une pièce très réaliste qui se passe dans une famille, ça risquait de coincer. Donc, on s’est dit qu’il fallait trouver une matière qui ne soit pas strictement réaliste, et le texte de McCabe ouvre très fort sur l’imaginaire; il y a vraiment cette possibilité que le contraste entre nos accents respectifs ne soit pas un obstacle." Ils ont même eu l’idée de faire jouer le personnage de Frank par un comédien belge et un québécois. "Comme ça, tout de suite, une convention s’établit, explique-t-il. Le plus âgé affirme: "Ça, c’est moi quand j’étais petit." À partir de là, c’est comme les enfants qui disent: "Moi, je suis un cow-boy, toi, tu es un Indien", on entre dans le jeu."

Quant à ce qui lui plaisait dans ce texte, "c’est qu’il raconte une histoire très dure, très violente, celle d’un jeune garçon d’une famille populaire qui va petit à petit se retrouver sans attaches, entrer dans une forme de délinquance puis glisser dans la folie et le meurtre, au gré d’un traitement toujours très léger. Tout le récit est livré par Frank plus âgé, mais c’est comme s’il n’avait jamais vraiment grandi. Il s’agit donc d’un regard enfantin porté sur quelque chose de très dur", observe-t-il. "Une autre dimension intéressante, c’est que Frank a pas mal de références, mais qu’elles viennent toutes de la culture populaire des années 60. D’abord la bande dessinée, puis les westerns, les films de série B, les comédies musicales… Donc, tout est relaté de manière subjective à travers ce regard. C’est bien parce que ça nous permet d’ouvrir sur l’imaginaire; il y a vraiment une dimension de fantaisie et de ludisme." Un aspect qu’il a d’ailleurs cherché à souligner à travers sa mise en scène. "Avec Érika Schmitt, on a travaillé sur des costumes très colorés, près de la bande dessinée. Par contre, avec Jean [Hazel], on a conçu un dispositif plutôt délavé; ce sont deux modules, comme des cadres de bande dessinée, qu’on peut déplacer. Alors, on a une infinité de possibilités." Ce qui leur permet notamment de passer avec fluidité de l’une à l’autre des nombreuses séquences dont la pièce est constituée. "Ce sont des cases de bd, mais en même temps, ce sont des portes, des passages, précise pour sa part le scénographe. Souvent, il y a des rituels; le personnage principal vit des moments charnières où quelque chose se casse et ce système permet d’illustrer ces ruptures. On passe par là pour arriver à une autre partie de l’histoire." Voilà pour la première étape.

Jusqu’au 6 octobre
Au Théâtre Périscope
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