Scène

Nouveau Théâtre Expérimental : La fin des temps

Le Nouveau Théâtre Expérimental ouvre sa saison avec Théâtre catastrophe, une création collective sur la fin du monde.

Pour amorcer la saison du Nouveau Théâtre Expérimental, Alexis Martin et Daniel Brière ont demandé à Maryvonne Cyr, Étienne Lepage, Emmanuel Reichenbach et Catherine Vidal, quatre artistes émergents, de concocter un objet théâtral portant sur une catastrophe environnementale. "On n’a jamais vraiment abordé ce sujet", explique Brière. "Nous, renchérit Martin, quand on avait 20 ans, on parlait de la menace nucléaire; aujourd’hui, c’est l’écologie qui préoccupe les jeunes."

Les deux drôles ont également imposé des contraintes à leurs recrues. Tout d’abord, une partie du spectacle devait se dérouler à l’extérieur du théâtre, pour mettre en valeur l’immeuble. "On avait envie de mettre en scène le quartier, souligne Brière. Ce n’est pas tout le monde qui sait qu’il y a un théâtre dans les environs. On essaie aussi de varier les lieux de représentation, la configuration de la salle et le rapport avec les spectateurs." L’autre fraction de la pièce devait prendre assise à l’intérieur, dans le contexte d’une salle de nouvelles. Enfin, les créateurs avaient l’obligation d’écrire, de mettre en scène et d’interpréter l’histoire en devenir. À partir de là, les quatre jeunes complices ont eu carte blanche. "On se connaissait très peu les uns les autres, affirme Reichenbach. Sans contraintes, on aurait passé la moitié du temps à chercher le sujet. Cette technique nous a permis d’avancer tout de suite." "Un des axes du projet artistique du NTE est d’intégrer chaque année des nouveaux venus, soutient Martin, des figures marginales et polyvalentes. Ici, c’est un espace de création, de liberté. Il faut prendre des risques, faire confiance."

Après six semaines de négociations, de discussions et de brassage d’idées, une histoire est née. Elle met en scène un immense conteneur renfermant des milliards de tonnes de particules toxiques. La chose, envoyée dans l’espace quelques années plus tôt par des scientifiques, doit percuter fin septembre la surface de la Terre, provoquant ainsi la fin du monde. L’escouade de Vision-Télé, une station de nouvelles qui offre une couverture professionnelle et objective de l’actualité, a décidé de suivre en direct l’évolution de la tragédie le soir même de la catastrophe.

L’équipe de journalistes chevronnés invite donc le public (c’est-à-dire nous) à se rendre dans ses studios (c’est-à-dire Espace Libre) pour assister à la diffusion de cette dernière émission. "Avec le thème de l’écologie, avance Vidal, j’avais peur qu’on tombe dans le message moralisateur, mais le résultat jette plutôt un regard critique sur notre responsabilité face à l’environnement." "Ça traite aussi des médias, lance Lepage, des usines à nouvelles, de l’information-spectacle, de notre société qui veut voir des bras se faire arracher en restant confortablement à la maison avec son maïs soufflé. C’est aussi assez cynique et humoristique. Cela dit, même si les gens vont se questionner sur leur propre crainte de la mort ou de la fin du monde, notre objectif n’est pas de leur faire peur."

Du 20 au 29 septembre
À Espace Libre