Tomber du nid : Vol plané
Scène

Tomber du nid : Vol plané

La création Tomber du nid révèle la plume jeune, frétillante et actuelle du comédien Stéphane Guertin dans sa première pièce pour adultes.

Le polyvalent comédien Stéphane Guertin, que l’on a vu évoluer dans À la recherche d’Elvis, P.S. Ton chat est mort ou encore au sein de la troupe Improtéine, consacrait ses temps libres depuis 2004 à une pièce pour adultes, sans savoir si elle allait être montée. L’action, qui lui avait été inspirée par le texte d’un ami dont il ne reste que le canevas de base, se construit autour d’un homme amer qui vit une rupture.

Marc (Vincent Poirier) est un musicien qui n’a jamais pris de décision pour lui-même et qui a pour principal gagne-pain de tester des médicaments. Après une séparation amoureuse, ce grand dépourvu se trouve devant un cul-de-sac existentiel. Gravitent autour de lui l’ex-conjointe (Stéphanie Kym Tougas), l’agente alcoolo (Geneviève Couture), le meilleur ami gaffeur (Stéphane Guertin), le déménageur imposant (Olivier Nadon) ainsi que le docteur Leung (Benoît Osborne). "Cette dimension m’amenait à pouvoir traiter de pharmacologie, du rapport au corps, au médicament. De ces antidépresseurs que tellement de gens prennent sans savoir si c’est vraiment nécessaire, si c’est nocif…" a questionné l’auteur.

Au titre préalable – Les Inséparables -, Stéphane Guertin a finalement préféré Tomber du nid, qui relève tout autant de l’imaginaire ornithologique. "C’est toute l’histoire de se lancer dans la vie. Que tant que l’on reste dans notre nid douillet, on ne court pas de risques. Prendre sa vie en main, c’est apprendre à voler de ses propres ailes", relate-t-il.

À la lecture de la pièce, Gilles Provost y voit donc matière à une brillante comédie sentimentale dont il confie les rênes à André Perrier. "Stéphane a donné des enjeux assez importants à ses personnages et est allé dans des zones très peu explorées avec un personnage sur les antidépresseurs… On n’a pas l’habitude de rire de ce qui est médical. Je trouvais ça osé. Il y a aussi les enjeux de vie ou de mort et la lucidité du texte qui m’ont tout de suite interpellé", relate André Perrier, qui n’a pas l’habitude de mettre en scène des comédies réalistes, donnant habituellement dans le "très éclaté". "Celle-ci a une base réaliste avec un deuxième niveau qui me plaît beaucoup, avec des personnages plus grands que nature", confie-t-il.

Pour lui, la première pièce d’un auteur est un objet fragile, à prendre avec délicatesse. "La première fois qu’un texte est joué, c’est souvent son coup d’envoi ou son coup de mort. Parfois, les textes sont mis au rancart, stigmatisés, alors qu’ils sont pourtant intéressants. Il y a donc cette double responsabilité de faire un bon spectacle, mais aussi de rendre justice au texte, qui peut par la suite être monté ailleurs", conclut-il.

Jusqu’au 20 octobre
Au Théâtre de l’Île
Voir calendrier Théâtre
À voir si vous aimez
Les spectacles d’Improtéine, La Petite Vie

ooo

PETIT TRAIN VA LOIN

Frédéric Blanchette
photo: Nicholas St-Pierre

Dans le cadre du Festival Zones Théâtrales, André Perrier présente sa mise en scène de Trains fantômes, un texte de Mansel Robinson traduit par Jean Marc Dalpé et produit par sa compagnie montréalaise, le Théâtre Triangle Vital. "Dans Trains fantômes, on part d’une chose triste, la mort d’un père, pour en faire une célébration", illustre le metteur en scène. La pièce est présentée tel un conte urbain. Le personnage principal (Frédéric Blanchette), un laissé-pour-compte, rend hommage à son cheminot de père en relatant les histoires qu’il racontait de son vivant. On y explore ainsi l’univers des trains, son folklore, ses lois et ses personnages. Le tout est habillé par un musicien sur scène – ici, l’excellent Aymar. Trois niveaux d’écriture construisent le texte: "il y a celui du témoignage pur du fils, il y a le conte et il y a la poésie dans la tradition anglaise du spoken word, très rythmé et sonore", complète-t-il. Les 13 et 14 septembre à 20h à la Nouvelle Scène. www.nac-cna.ca/zones