Daniel Paquette et Carl Poliquin : Amours interdites
Scène

Daniel Paquette et Carl Poliquin : Amours interdites

Daniel Paquette et Carl Poliquin ouvrent la saison du Théâtre Denise-Pelletier en se mesurant aux Fourberies de Scapin.

Depuis 2002, Daniel Paquette a monté une myriade de classiques entre les murs de la Salle Fred-Barry. Avec Les Fourberies de Scapin, le jeune homme de 30 ans travaille pour la première fois sur la grande scène du Théâtre Denise-Pelletier (TDP). D’entrée de jeu, le metteur en scène rappelle le caractère italien de la pièce: "Molière a écrit Les Fourberies à la fin de sa vie, en voulant retourner à ses premières écritures. Comme le jeu à l’époque est à la mode italienne, il va s’inspirer des personnages et des canevas de la commedia dell’arte."

L’action se déroule dans un port de Naples, vers la fin du XVIIe siècle. On y suit les aventures de Léandre (Alexandre Frenette) et Octave (Olivier Morin), deux jeunes hommes qui profitent de l’absence de leurs pères respectifs (Alain Fournier et Jean-Guy Viau) pour marier celles qu’ils aiment (Catherine Dajczman et Magalie Lépine-Blondeau). Dès leur retour, les paternels s’opposent farouchement à ces mariages, mais Scapin (Carl Poliquin), brillant valet de Léandre, use de tous les stratagèmes possibles pour que triomphe l’amour. "Scapin, c’est le valet de tous les valets, lance celui qui incarnait Scaramouche l’année dernière sur les mêmes planches. Il n’a pas de contraintes et il prend des risques énormes." Selon Paquette, "dans l’histoire du théâtre, Scapin a été l’un des premiers valets à dire haut et fort qu’il peut être autre chose que sa classe sociale. Molière aime remettre en cause l’autorité. À l’époque, c’est énorme de prétendre sur une scène que des fils peuvent se marier sans le consentement de leur père. C’est dire que le peuple peut aller au-delà de l’autorité de son père, le roi. C’est inverser la structure sociale."

Pour forger son Scapin, Poliquin s’est notamment inspiré du jeu de Johnny Depp dans le film Pirates des Caraïbes: "Scapin aime jouer. Il parle tellement qu’il se met souvent les pieds dans les plats. Mais il s’en sort toujours, comme Jack Sparrow!" Le comédien souligne également le défi physique de ce rôle et les difficultés de langage que posent les nombreuses incises, inversions ou négations du texte dans lequel l’équipe a d’ailleurs quelque peu sabré. "Le TDP a un mandat, rappelle Paquette. On s’adresse à des jeunes, alors c’est important de leur faire entendre une langue qui a déjà existé. J’ai toutefois essayé de trouver une façon de dire qui soit plus contemporaine." La mise en scène de Paquette est, semble-t-il, axée sur les contrastes entre les personnages: "On a deux couples d’amoureux: un premier très baroque et un autre plus contemporain. Pour les deux valets, j’ai voulu un Scapin moderne et un Sylvestre d’inspiration commedia dell’arte." En fin de compte, le défi, comme l’explique le créateur, dans le programme du spectacle, a été "d’harmoniser tous les numéros d’acteurs et de faire en sorte que chaque comédien comprenne la place qu’occupe son personnage dans la mécanique bien réglée de la comédie".

Du 21 septembre au 13 octobre
Au Théâtre Denise-Pelletier
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