Joël Beddows : Avoir du chien
Scène

Joël Beddows : Avoir du chien

Avec Le Chien, Joël Beddows signe une production 20e anniversaire et souffle du coup les 15 bougies du théâtre qu’il dirige.

Après avoir été chaudement applaudie au Festival Zones théâtrales, la production du TNO Le Chien est accueillie par le Théâtre la Catapulte, qui fête ses 15 ans. Son directeur artistique, Joël Beddows, qui signe la mise en scène 20e anniversaire de ce texte de Jean Marc Dalpé, voit en ces célébrations l’occasion de réfléchir sur l’état du théâtre franco-ontarien. "La création du Chien en 1988 est devenue une marque de qualité; elle plaçait la barre plus haut pour l’ensemble du milieu théâtral. Fait révélateur de son état à l’époque: mis à part Dalpé, le seul Franco-ontarien dans l’équipe de production était Robert Paquette. Les autres créateurs étaient montréalais. Cette fois-ci, l’équipe est largement composée de Franco-ontariens formés ici et qui étaient à la hauteur du texte et du projet", sourit celui qui compte notamment parmi son équipe la comédienne Annick Léger, la costumière Isabelle Belisle et le musicien Éric Vani (Rise Ashen) à l’environnement sonore.

D’autres points différencient les deux "lectures" de cette pièce maintes fois primée: "La mise en scène de Brigitte Haentjens était plus axée sur l’histoire de Jay, le rapport avec le père… Je suis pour ma part plus dans l’aspect formel de la chose", remarque le metteur en scène. "Si le réalisme nord-américain était présent lors de la création, cette fois, c’est le côté grec, l’influence du théâtre épique. J’ai aussi embrassé la multiplication des perspectives temporelles", note Joël Beddows, qui s’est amusé à jouer avec la place symbolique du chien dans la pièce. "Le chien existe à mi-chemin entre la réalité et le vent. Les coups de fusil et les jappements de chien ne sont pas traités du tout de façon réaliste, ils font partie d’une logique de souvenir et de mythe." Ce grand passionné d’art s’est aussi inspiré de la série Forêt du peintre Marc Séguin dans la scénographie, qui puise également dans l’orchestra de la tragédie grecque.

Au sujet du 15e anniversaire de la Catapulte, Joël Beddows ne se tourne pas sur les acquis, mais plutôt vers les défis encore à relever. Dans l’édition d’automne du Catalyseur, le bulletin de liaison du Théâtre la Catapulte, il propose notamment la mise sur pied d’un programme de conservatoire en Ontario français. "Le plus important [projet], à mon avis, relève du domaine de la formation professionnelle de nos artistes. Nous ne pouvons espérer améliorer la qualité artistique du théâtre franco-ontarien dans son ensemble sans un conservatoire." En attendant la réalisation de ce projet dans lequel il compte s’investir personnellement, Beddows propose ainsi une production qui prouve tout le potentiel de la relève artistique franco-ontarienne avec Le Chien, qui met notamment en scène les jeunes comédiens Marc Bélanger et Manon St-Jules. "Ce sont des comédiens qui réfléchissent, qui n’hésitent pas à s’engager pleinement", se réjouit-il encore.

Jusqu’au 22 septembre à 20h
À la Nouvelle Scène
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