L’Iliade : Vains combats
Alexis Martin dévoile, entre les murs du Théâtre du Nouveau Monde, une bien décevante relecture de L’Iliade d’Homère.
Bien que la matière première ne soit clairement pas la même, il est impossible de ne pas comparer L’Iliade à L’Odyssée. Le spectacle mis en scène par Alexis Martin, actuellement à l’affiche du Théâtre du Nouveau Monde, fait amèrement regretter le pouvoir d’évocation et le charme puissant de celui créé par Dominic Champagne, dans la même institution, il y a sept ans. Malgré tous les espoirs que la rencontre avait suscités, il faut admettre que Martin n’est pas parvenu, lui, à transposer son univers sur cet immense plateau.
En fait, il y a un malaise. On sent que le créateur s’est retenu, qu’il n’a pas osé adopter franchement le sens de la dérision qui a pourtant fait sa renommée. Ainsi, risibles sans être drôles, les aventures d’Achille, Hector, Agamemnon, Hélène, Pâris et les autres ont rarement été aussi fades. Situant l’action dans un banal café en rénovation (les tables et les chaises figurant bien gauchement les différents champs de bataille et les échafaudages évoquant les remparts et les cieux), la mise en scène ne fait rien ou alors bien peu pour clarifier ce magma de querelles apparemment stériles entre Grecs et Troyens. On ne sait plus qui est qui, qui a déshonoré qui et pourquoi. Et que dire des projections, parmi les plus naïves qu’on puisse imaginer. Des gravures antiques ou alors des ombres qui ne font qu’amoindrir la portée de ce qui se déroule sur scène. En fait, l’action ne prend pour ainsi dire jamais de dimension tragique. Le sublime, ce ne sont surtout pas les dieux, le plus souvent malencontreusement vêtus et maladroitement incarnés, qui en injectent à la représentation.
Seules percées de lumière entre deux rasades d’ouzo, les interventions de la narratrice incarnée par Marthe Turgeon. Coryphée tragicomique, voire moqueur, elle est la seule à endosser pleinement l’ironie de cette fresque guerrière… sans soldats. Dans ses rares apparitions, François Papineau incarne Achille avec beaucoup de conviction. Dans les dernières minutes de ce spectacle qui en fait presque 180, le comédien fait goûter toute la rage et la souffrance de son personnage, nous récompense d’y être encore.
L’Iliade, c’est le théâtre de la violence des hommes, de la colère sans fin, de la haine qui coule dans les veines des combattants. Malheureusement, dans ce spectacle sans magie et sans vérité, il y a bien peu de matière à rire ou à pleurer, et à peine plus à réfléchir.
Jusqu’au 6 octobre
Au Théâtre du Nouveau Monde
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