Marc Drouin : Bande dessinée
Scène

Marc Drouin : Bande dessinée

Presque dix ans après l’échec retentissant de la comédie musicale I, Marc Drouin dévoile Muguette Nucléaire, un "cartoon musical" dont Robert Léger a signé les musiques.

Regorgeant de fureur, de tendresse, d’humour et surtout d’espoir, Muguette Nucléaire est un spectacle (et un disque) de Marc Drouin et Robert Léger, le tandem qui nous a donné l’inoubliable Pied de poule. Déjà, en 1981, dans un bref spectacle mettant en vedette Geneviève Lapointe, Drouin avait dessiné les contours d’une indomptable jeune fille revendiquant l’indépendance de l’adolescence. Un quart de siècle plus tard, Muguette Nucléaire remonte sur les planches pour lancer son cri d’alerte.

De la création désastreuse de I, une comédie musicale sur les diverses formes de dépendance, Drouin a manifestement tiré des leçons. "Je n’étais pas prêt à faire un aussi gros spectacle. Au départ, je devais le présenter à la Cinquième salle de la Place des Arts. En me retrouvant au St-Denis, j’ai perdu une simplicité théâtrale que j’ai retrouvée avec Muguette Nucléaire. Après tout, j’ai aimé le théâtre à cause du Grand Cirque ordinaire, de Jean-Claude Germain et de La Quenouille bleue. Cette fois, je me suis aperçu qu’il fallait que je prenne le temps de connaître les gens avec qui je travaille et que je reprenne ma place comme metteur en scène. Quand j’ai fait Pied de poule, j’avais le même âge que le reste de l’équipe, c’était des chums. Là, je suis passé de l’autre bord, je suis le boss. C’est un switch psychologique qu’il fallait que je fasse."

Ce qui est manifeste, c’est que le maître d’oeuvre de ce "cartoon musical" a une estime sans borne pour ses acteurs-chanteurs-musiciens: "Ça a été quatre coups de foudre. Ils sont extraordinaires, ils m’ont beaucoup étonné. Entre eux, il y a une vraie chimie de groupe." Pascale Montreuil, qui brillait dans le Pied de poule de Serge Denoncourt, incarne la rebelle Muguette. Maxime Desbiens-Tremblay, dont la performance dans l’adaptation télévisuelle de L’Histoire de l’oie de Michel Marc Bouchard a marqué Drouin, incarne Tit-Loup, le jeune premier, amoureux de Muguette. Kevin Houle, que Drouin a découvert dans une production étudiante de Pied de poule, incarne Tit-Rat, un jeune homme ambigu, ami des deux autres. Et, finalement, Fred-Éric Salvail, que Drouin a déniché en écumant les écoles de théâtre, incarne le narrateur et plusieurs personnages inquiétants tels que l’Ange du mal, Money Man, Mister Mytho ou l’insidieux Fantôme de l’Internet. À propos d’Olivier Loubry, son chorégraphe, le metteur en scène ne tarit pas non plus d’éloges: "J’ai trouvé quelqu’un qui complète ma pensée."

Depuis les quelques représentations données à la maison de la culture Maisonneuve à l’automne 2006, le spectacle a été coupé de moitié: "J’ai enlevé et raccourci des tounes, j’ai éliminé des costumes et enlevé toute la partie sur l’enfance des personnages. Maintenant, on entre dans le vif du sujet." En racontant l’histoire de trois adolescents qui se donnent rendez-vous dans un stade abandonné pour fomenter une rébellion contre la violence des adultes, c’est beaucoup de lui que Marc Drouin parle: "Je voulais raconter ce qui m’a tenu en vie tout ce temps-là, c’est-à-dire l’écriture. Tout ce que j’ai fait jusqu’ici – les clips, les disques, les one man shows, les comédies musicales, le théâtre, le dessin, etc. – est comme rassemblé dans Muguette Nucléaire. C’est sans aucun doute le spectacle qui me ressemble le plus."

S’adressant aux adolescents aussi bien qu’aux adultes, le spectacle a sans contredit une portée sociale. Après tout, Muguette et sa bande menacent de se suicider si l’état du monde ne s’améliore pas: "Je donne la parole à des ados qui veulent dire des choses claires aux adultes. Tout comme eux, je me demande comment il se fait qu’autant de gens veuillent la paix et qu’on soit tout de même dirigés par Bush."

Au Théâtre Outremont
Du 21 au 29 septembre
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