Yvann Alexandre : La chute de l'ange
Scène

Yvann Alexandre : La chute de l’ange

L’atypique créateur français Yvann Alexandre revient au Québec présenter Le Corps sombre, une oeuvre chorégraphique née d’un processus de création original qui a pris la forme de laboratoires publics menés ici et en France.

Créer en studio sans contact avec le monde extérieur, très peu pour Yvann Alexandre. "Je ne sais pas travailler en studio fermé, j’aime bien la notion de partage avec les gens. Donc, ce qui m’intéressait en venant au Québec fabriquer ce spectacle, c’était qu’il puisse y avoir un échange. Car pour moi la danse est un art de partage… Quand je parle de laboratoire, ça évoque l’idée que le public peut être spectateur de quelque chose qui est en fabrication, normalement caché", explique le créateur depuis son bureau à Cholet, en France, où sa compagnie est en résidence longue depuis 2004. C’est ainsi qu’entre l’automne 2005 et le printemps 2006, le chorégraphe a répété les allers-retours au-dessus de l’océan Atlantique avec son équipe de danseurs et de concepteurs, bâtissant la genèse du Corps sombre, dont il vient présenter la mouture finale.

Décrite par Alexandre comme "un monochrome noir entre musique électronique et baroque", la chorégraphie réunit six interprètes. Sur scène, ils se déplacent en meute, image de la société, de la masse, de ce qui pèse sur les individus. À travers la meute, un ange se cache; il représente la quête de pureté, une quête quasi inaccessible, selon le chorégraphe. "Le titre évoque deux lectures possibles: le corps "sombre" au sens de la couleur (noir), mais aussi au sens de la chute (sombrer). La pièce explore beaucoup la chute d’un individu et tout le poids de la société, du groupe. Au milieu, il y a un ange, et c’est au public de trouver qui il est véritablement…" résume Yvann Alexandre. Une dualité, donc, naît sur scène, thématique chère au chorégraphe qui tente dans son travail de mettre en gestes la recherche d’une impossible unité, le paradoxe entre le divin et le terrestre qui anime chaque individu. "Pour moi, la pureté, ça n’existe pas, même si on essaie d’y accéder. Mon travail a toujours bossé sur ça, avec des gestes, des lignes très pures, très grandes, très précises…" avoue ce dernier.

Autre façon d’exprimer cette dualité entre chute et rédemption, entre noirceur et lumière: la musique qui se fait hybride, alternant entre l’électronique et le baroque, comme l’explique Alexandre: "La musique électronique apporte quelque chose d’un peu hypnotique, il y a un poids dans cette musique qui fait penser à la masse, à la société, à la ville où il y a toujours du bruit, alors que la musique baroque passe comme des éclaircies de lumière, avec des voix qui nous amènent au ciel…"

Du 27 au 29 septembre
À la salle Multi du Complexe Méduse