Jungua – Descendants du dragon : Beauté désespérante
Jungua – Descendants du dragon, un divertissement éblouissant de prouesses qui cuisine les traditions chinoises à la mode états-unienne.
L’image d’un édifice d’une cité interdite s’étale en fond de scène derrière le décor d’un mur d’enceinte. Sur une musique des plus lyriques, un guerrier apparaît en contre-jour dans l’encadrement de la porte. Il s’avance solennellement vers le public, rejoint par deux processions de moines bouddhistes rompus aux arts martiaux et de femmes élastiques de la troupe Imperial Acrobats of China. Ils viennent en grandes pompes nous livrer "les trésors de la Chine", selon la volonté et la vision du directeur artistique, metteur en scène et producteur de Jungua, Eddy McGuire. Objectif avoué: nous en mettre plein la vue, susciter des émotions, provoquer la réflexion.
Pendant 90 minutes, numéros de kung-fu, de Qi Gong et d’acrobaties alternent selon un rythme binaire qui n’est jamais rompu. Ces messieurs déploient leur puissance virile dans des exercices de combat et de maniement des armes. La maîtrise des corps et du mental est exceptionnelle, et l’on est ébahi par la souplesse et le ressort de ces hommes capables de résister à la pointe des lances et de briser pierre et métal d’un coup de tête. Ensuite, ces dames viennent apporter une pointe de douceur avec d’hallucinantes prestations mêlant jongleries, équilibres, contorsions et acrobaties aériennes. Parfaitement domptés, les corps sont d’une élasticité prodigieuse et les sourires, indécrochables. Malheureusement, la représentation des genres est plus que stéréotypée, et le manque de raffinement de la mise en scène ne rend pas du tout hommage au talent des artistes.
La suite de séquences est réglée de façon mécanique sur des structures convenues et lassantes. De plus, tout est littéral et souligné à grands traits. On prend en permanence le spectateur par la main, la musique dicte les émotions qu’il est censé ressentir, et aucun espace n’est laissé aux mouvements de son imaginaire. Gavé d’exploits mais loin d’être nourri, il reste béat d’admiration. Et de cette culture chinoise qu’on prétendait lui faire découvrir, il a reçu un condensé explosif où les humains sont devenus bêtes de foire. Derrière l’émerveillement des prouesses accomplies pointe alors le caractère vaguement pathétique de ce divertissement aux allures grandioses.
Jusqu’au 30 septembre
À la TOHU
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