DEVENIR UN NUMERO
KAPOS B-12 730, c’est l’aboutissement de 10 ans de recherche sur l’interprétation scénique. Un mandat d’exploration et de perfectionnement du jeu amène chaque fois le Théâtre CRI à présenter au public de la région des créations originales et surprenantes. Pour un comédien, travailler avec le CRI, c’est se surpasser. Patrice Leblanc confie: "Ce sont toujours des choses nouvelles, une recherche différente. Donc, en tant que comédien, ça nous permet de vérifier, d’aller voir des zones où l’on n’a pas souvent la chance d’expérimenter. Avec Guylaine [Rivard, directrice artistique], il est question de tester nos limites, d’aller un peu plus loin." Cette nouvelle production approfondit le concept des prisons, tant physiques que psychologiques. Une implication totale de la part des concepteurs et de la distribution a été nécessaire. Cette dernière, en acceptant de jouer le jeu, s’est vue endosser des règlements, des codes et différentes contraintes très strictes. Ainsi, les comédiens doivent renoncer à leur nom toute la durée de la répétition pour devenir des numéros. Cette dépersonnalisation ne se fait pas sans difficulté. "On est prisonnier de soi-même aussi", remarque Maud Côté. Sabrina Bélanger ajoute: "Il faut garder à l’esprit que c’est un jeu, que c’est fait pour que la création naisse, qu’il se passe des choses entre les comédiens. Je pense qu’il faut rester distant par rapport à ça et ne jamais le prendre personnel." "Le fait de se connaître, ça aide à la création. On se fait confiance dans ce jeu-là, on n’a pas le choix. Si on ne faisait pas confiance aux autres, ça serait difficile de s’abandonner. On sait que tout le monde va se respecter", conclut Jérémie Desbiens. L’idée n’étant pas de déborder des limites, les comédiens ont la possibilité en tout temps d’interrompre le jeu en criant leur véritable nom.
POSER SES BARREAUX
Le "Kapo", c’est celui qui est nommé pour faire régner la discipline parmi ses pairs. Un nouveau est désigné à chacune des répétitions. La méthode du laboratoire propre au CRI a donné forme à cette microsociété dans laquelle les prisonniers (comédiens), le Kapo et les gardiens (metteurs en scène et concepteurs) se nourrissent les uns les autres par l’improvisation. Le texte de l’auteur Martin Giguère est également né dans l’action. Éric Chalifour explique le processus: "On part de la matière brute pour en arriver à quelque chose de plus fini." À cause de la relation inhabituelle qu’ils s’imposent, le rapport familier et direct entre les différents créateurs se voit quelque peu refroidi. Le metteur en scène semble avoir trouvé difficile cet éloignement qui enlevait de la spontanéité aux échanges. Sachez qu’à l’occasion de la Nuit de la culture, KAPOS B-12 730 ouvrira ses portes aux curieux.
Le 28 septembre et du 3 au 14 octobre
Au Centre culturel du Mont-Jacob
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Le théâtre de création
Claude Gauvreau