Les Fourberies de Scapin : Folies de jeunesse
Scène

Les Fourberies de Scapin : Folies de jeunesse

Les Fourberies de Scapin, un divertissement qui prouve que Daniel Paquette était fin prêt à travailler sur un grand plateau.

Après avoir fréquenté Tchekhov et Shakespeare, mais aussi Klaus Mann et Frank Wedekind, Daniel Paquette se retrouve, avec le même naturel, chez ce cher Molière. Pour prêter vie à des univers aussi différents, le jeune metteur en scène ancre chaque fois sa lecture dans la rigueur et la cohérence du jeu hautement physique de ses acteurs. Avec Les Fourberies de Scapin, sa première mise en scène sur un grand plateau, le créateur ne quitte pas ses bonnes habitudes. Il en résulte un spectacle efficace et séduisant.

Sur le plateau, évocation d’un théâtre en rénovations mais aussi du port de Naples, on trouve des échafaudages, des voiles de navires et surtout un matelas et un système de monte-charge qui donnent lieu à des moments très cocasses. Dans cet espace qui installe dès le départ le caractère éminemment théâtral de l’entreprise, les acteurs donnent dans la caricature, une surenchère qui sert parfaitement la lecture tout en contrastes de Daniel Paquette. Au coeur de cette représentation ponctuée de chant, de musique et de culbutes, les deux couples d’amoureux contrariés, sans nul doute les plus célèbres de la dramaturgie française, sont plus antinomiques que jamais. Olivier Morin est un Octave survolté, un petit homme peureux et efféminé, alors qu’Alexandre Frenette est un Léandre posé, viril et courageux. Magalie Lépine-Blondeau est une Hyacinthe douce et distinguée, alors que Catherine Dajczman est une Zerbinette pour le moins terre à terre. Ces différences, fondamentales, permettent à l’oeuvre de révéler toute son efficacité dramatique.

Pour construire le personnage essoufflant de Scapin, Carl Poliquin s’est très clairement inspiré de Jack Sparrow, le héros de la série de films Pirates des Caraïbes. Un moyen comme un autre de capter l’attention des adolescents. Si l’acteur est à la hauteur du défi posé par l’interprétation du ratoureux valet, ses interlocuteurs le sont tout autant. Alain Fournier est un Géronte acariâtre à souhait et Jean-Guy Viau, un Argante remarquablement vigoureux. Il faut aussi mentionner le travail de Daniel Desparois. Déguisé en spadassin, maniant l’épée avec une maladresse toute chorégraphiée, le comédien reçoit une ovation bien méritée. En somme, il y a dans ce spectacle de quoi réconcilier bien des adolescents avec le grand Molière.

Jusqu’au 13 octobre
Au Théâtre Denise-Pelletier
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