Michel Lauzière : Seconde nature
Scène

Michel Lauzière : Seconde nature

L’inclassable Michel Lauzière poursuit sa tournée au Québec avec ses inventions abracadabrantes.

Ancien Foubrac, Michel Lauzière s’est fait connaître dans le monde entier grâce à sa célèbre combinaison de klaxons. Après plusieurs saucettes à l’étranger – il a visité pas moins de 45 pays en 18 ans de carrière solo -, il prend ponctuellement congé des douanes pour poursuivre la tournée québécoise de son one man show. "Ce ne sont pas des vacances, mais c’est très agréable. C’est différent de toujours être dans les valises et les avions" avoue-t-il, calé dans un fauteuil du foyer Gilles-Beaudoin.

Une machine à chapeau, un "cuillerophone", un ballon géant, autant d’inventions fantaisistes qui truffent son spectacle. Comme ces drôleries trouvent leur essence dans le quotidien, on peut se demander de quelle manière le performeur analyse le monde qui l’entoure. "C’est comme un pilote automatique, commente-t-il. Je suis aux aguets, mais je ne m’en aperçois pas. Ce n’est pas quelque chose qui peut être achalant pour quelqu’un qui serait à côté de moi, par exemple. Ce n’est pas un travail, c’est une seconde nature."

Les numéros de Michel Lauzière sont réglés au quart de tour. Un seul tremblement, un seul faux pas dans la routine habituelle et tout est fichu. L’humoriste a donc dû apprendre à dompter le trac: "Il faut se créer un calme artificiel." Même si le public en redemande, a-t-il déjà nourri la peur secrète de passer pour un bizarroïde? "La peur d’avoir l’air fou, c’est ce qui nous motive à offrir de la qualité. Moi, je vis le paradoxe d’être une personne assez extravertie, mais aussi très solitaire. Je suis capable de travailler longtemps seul, de faire de la peinture, du dessin ou d’écrire. Et j’ai développé par habitude – j’étais un peu fanfaron quand j’étais jeune – le plaisir d’être en public. C’était comme une relation amour-haine. Mais c’est juste parce que ça a fonctionné que j’ai mis le pied un peu plus loin." Par ailleurs, tout n’est pas bon à présenter sur scène. "Il n’y a personne qui va trouver intéressant quelqu’un qui joue avec des bébelles comme celles que j’utilise s’il n’y a pas une construction intelligente derrière. Autrement, ça devient un spectacle de clowns pour enfants de quatre ans! Même là, ça serait une erreur de penser que les enfants gobent n’importe quoi!"

Ancien caricaturiste politique et auteur du Dictionnaire inutile, mais pratique, Michel Lauzière ajoute aussi une petite touche philosophique à son spectacle. Dans un numéro profitant d’une mise en scène exagérée, il expose de faux proverbes. Une parodie des performances un peu trop intellectuelles. "J’ai une ironie chronique. Je tourne facilement les choses en dérision. Par contre, il y a des choses qui ne sont pas drôles. Je ne pense pas qu’on puisse faire de l’humour avec n’importe quoi. Ah… peut-être avec n’importe quoi, mais pas n’importe comment. Il y a des sujets extrêmement délicats. En humour, pour être impertinent, il faut être intelligent."

Le 6 octobre à 20 h
À la salle J.-Antonio-Thompson
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