Août – Un repas à la campagne : Crise en la demeure
Scène

Août – Un repas à la campagne : Crise en la demeure

Dans Août – Un repas à la campagne, Jean Marc Dalpé met la table pour un goûter familial où le calme prévient la tempête.

C’est sous un ciel caniculaire qui flaire l’orage que Jean Marc Dalpé a planté ses personnages de Août – Un repas à la campagne, où quatre générations d’une même famille se préparent à partager un repas. Sont réunis la doyenne (Janine Sutto), qui a laissé la ferme à sa fille (Louise Laprade) et son mari (Pierre Curzi); leur propre progéniture (Annick Bergeron), son époux (Henri Chassé), suivie de Josée (Catherine De Léan), l’arrière-petite-fille. Les citadins Monique (Marie Tifo) et son fiancé (Jacques L’Heureux) sont en visite.

Le perspicace auteur originaire d’Ottawa, à qui l’on doit notamment Le Chien (dont on célèbre cette année le 20e anniversaire), a imaginé ce drame familial à la suite du commentaire d’une spectatrice qui lui avait souligné qu’il était temps qu’il écrive pour elles [les femmes]. S’il est encore en terrain connu avec une crise au sein d’un clan, il n’en reste pas moins que Dalpé a ici significativement changé sa perspective. "C’est comme si j’étais descendu tranquillement dans la hiérarchie sociale. Avec Eddy, c’étaient les boxers, ensuite avec Lucky Lady, les petits criminels, dans Trick or Treat, on est vraiment dans le bas, puis avec Temps dur, j’ai frappé le fond!" ricane l’auteur à propos de la télésérie écrite pour le compte de Radio-Canada en 2004. "Je ne savais pas que je m’en allais en prison, mais c’est bien là que je me suis rendu. C’est ce que je cherchais, je pense. Je cherche encore. Maintenant, c’est un peu différent avec Août, je sors de prison et c’est une autre classe sociale qui arrive."

Avec l’intensité qu’on lui connaît, Dalpé fait ainsi se confronter les rêves et aspirations de ses personnages, la ville et la campagne, la jeunesse et la vieillesse, l’ancien et le nouveau monde. "Je cherche toujours des situations où les personnages sont en condition extrême. Je me répète que le théâtre est un sport extrême… C’est une idée qui m’aide. Je ne dis pas que tout le monde travaille comme ça, mais c’est là où j’ai envie d’aller. Des situations où des gens vont perdre beaucoup ou ont perdu beaucoup. Je les pousse."

Au Théâtre la Manufacture, Fernand Rainville s’est vu confier les manivelles de ce texte précis et rythmé qui emprunte sa structure à la dramaturgie tchekhovienne. Dans sa facture classique, elle répond ainsi à la règle des trois unités où l’action se déroule en temps réel, dans un seul lieu. "Chaque personnage est dans un tournant crucial de sa vie, c’est donc dire que cette crise ne laissera personne indemne", de conclure Dalpé.

Le 17 octobre
À la salle Pierrette-Gaudreault
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