Laine sans mouton : Pure laine
Scène

Laine sans mouton : Pure laine

Avec Laine sans mouton, Jean-François Caron livre une satire agressive mais bancale.

Quatre ans après La Nature même du continent, une pièce sur la guerre créée au Théâtre d’Aujourd’hui dans une mise en scène d’Antoine Laprise, Jean-François Caron dévoile Laine sans mouton. C’est pour son complice Martin Desgagné, du Théâtre Officiel del Farfadet, que le dramaturge a écrit cette pièce qu’il considère comme sa première comédie. Coproduite par le Théâtre Urbi et Orbi, la satire sociale et politique met le doigt là où ça fait mal. Malheureusement, ça ne suffit pas.

Nous sommes à Woolkaaptown, une métropole dont l’économie repose sur le commerce de la laine. Seulement, il n’y en a plus. La pénurie de laine est sur toutes les lèvres. Le gouverneur parle de la remplacer par une fausse laine qui renflouerait superbement les coffres de l’État. En ce jour d’élection, les quatre personnages de la pièce ont le pouvoir de changer les choses, de sortir du rang. Il y a Liz, une révolutionnaire à la gomme; J.J., un jeune homme bien inoffensif qui n’a jamais voté; Blaise, une drag-queen amère; et la Première dame, seul personnage vraiment texturé de l’aventure. En encaissant les répliques acides de ce pamphlet, on se dit que la plume de Caron est toujours aussi affûtée. On retrouve ici le ton cinglant de J’écrirai bientôt une pièce sur les nègres ou Aux hommes de bonne volonté. Le redoutable sens de l’observation, la posture éminemment critique, le choix des mots qui giflent… tout cela est de la partie. Malheureusement, les coups d’épée sont pour ainsi dire donnés dans l’eau. La structure dramatique de l’oeuvre, une suite de faux dialogues mal agencés et coiffée d’une finale bâclée, ne parvient tout simplement pas à élever le débat.

Le soir de la première, les comédiens ont maintes fois buté sur leur texte. Jean Turcotte, en drag-queen, et Alexandre Mérineau, en jeune électeur naïf, ont bien peu à défendre. Cela dit, le premier s’en tire beaucoup mieux que le second. Aux prises avec la partition exigeante de la jeune femme au bord de la crise de nerfs, Marie-Josée Forget n’est tout simplement pas à la hauteur. Exception qui confirme la règle, Chantal Baril incarne une Première dame plus folle que nature. Le plus choquant, c’est que les quatre protagonistes de la pièce ne semblent pas plus transformés que nous par l’expérience.

Jusqu’au 20 octobre
Au Théâtre Prospero
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