Estelle Clareton et Harold Rhéaume : Jamais seuls ensemble
Scène

Estelle Clareton et Harold Rhéaume : Jamais seuls ensemble

Estelle Clareton, Harold Rhéaume et Catherine La Frenière partagent la scène pour briser leurs solitudes et nous offrir Trois territoires quotidiens.

En 1998, ils dansaient ensemble dans Présage de pluie. Cela faisait déjà quelques années qu’ils tissaient une amitié croisant les territoires de l’art et de la vie quotidienne. Estelle Clareton et Harold Rhéaume s’admirent mutuellement et se reconnaissent une multitude de points communs. Par exemple, le goût pour la théâtralité et le travail d’équipe. Le fait que l’une ait établi Création Caféine à Montréal et que l’autre ait créé Le Fils d’Adrien danse à Québec leur a donné l’envie de se retrouver plus régulièrement au cours des dernières années. "On avait envie de se revoir, raconte Clareton. Alors on a loué des studios pour travailler ensemble, sans savoir où ça nous mènerait, sans autre but que le plaisir."

Le duo Two, l’un des trois "territoires" du spectacle, les attendait au bout du chemin. Il est une occasion pour eux de remonter sur scène et de retourner à l’essence de leur identité artistique, tout en partageant le terrain de la création pour briser la solitude du créateur. "On vit chacun un isolement en étant dans nos démarches et dans les caractéristiques de nos signatures, commente Rhéaume. J’ai d’ailleurs quitté Montréal parce que je voulais travailler en synergie avec d’autres artistes, que ce n’était pas évident dans la Métropole et que tout était à bâtir à Québec, qui est aussi ma ville natale. Avec Estelle, on avait envie de cette confrontation qu’on a rarement dans nos processus respectifs. Là, on se renvoie constamment des questions, on partage le stress, la responsabilité, la vision…"

"Se rencontrer, c’est compliqué, reconnaît Clareton. Mais c’est ça qui est beau. Il faut accepter la différence, mais tenir notre bout. Ne pas essayer de tout mettre égal… Aussi, c’était très important pour moi de partager le risque." Engagée depuis deux ans dans la création des Furies, une série de 24 oeuvres sur le thème de la colère suscitée par les horreurs dans l’histoire passée et présente de l’humanité, la chorégraphe d’origine française avait besoin de respirer un peu en se laissant aller au simple plaisir de danser. Mais ses divinités infernales sont tout de même présentes avec un solo interprété par Anne Barry et souligné par la présence discrète mais significative de Rachel Vincent-Clarke, jeune danseuse de 11 ans. Toutes deux figurent parmi les 16 interprètes féminines de la vidéo Esquisse de Furies, Gamma 3/24, projetée dans le laboratoire de l’Agora les soirs de spectacle.

UNE OEUVRE HYBRIDE

À l’heure où les artistes nous ont accordé une entrevue, rien n’était encore fixé et le travail de contamination entre les trois pièces, créées séparément mais dans la perspective d’être croisées avec les autres, n’avait pas encore commencé. Il était alors prévu que la scène serait divisée en trois bandes égales offrant une vue sur trois appartements différents d’un même édifice. Le troisième univers de cette oeuvre hybride est le fait de Catherine La Frenière, directrice administrative et de production de la compagnie de Clareton. L’an dernier, cette diplômée de l’École nationale de théâtre a bénéficié de la Carte blanche que Création Caféine offre annuellement à un artiste pour explorer son rapport singulier au mouvement. La jeune femme avait proposé un texte de son cru intitulé Le Bain et qui a donné un duo incarné par Clareton et Étienne Pilon. "La danse a une place qu’on retrouve souvent dans les spectacles de théâtre, précise la chorégraphe. Le corps dit ce qu’on ne peut pas exprimer avec les mots mais ce n’est pas le langage principal."

Au total, les créateurs auront eu 26 tableaux à assembler dans la semaine précédant la première du spectacle, aidés de la metteure en scène Marie-Josée Bastien. Le compositeur Éric Forget aura quant à lui harmonisé sa création sonore à celles de Nicolas Basque et de Pascal Robitaille. Et l’on espère avoir autant de plaisir à contempler l’oeuvre émergeant de cet immense bac à sable que les artistes en ont eu à la créer.

Du 23 au 27 octobre
À l’Agora de la danse
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