Francis Monty et François Arnaud : Sur mesure
Scène

Francis Monty et François Arnaud : Sur mesure

Tendres totems et croquis cruels traite de la transition de l’adolescence à l’âge adulte. Rencontre avec deux des artisans du spectacle, Francis Monty et François Arnaud.

Créé entre les murs du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, le spectacle Tendres totems et croquis cruels a été présenté quelques soirs en avril dernier à la Cinquième salle de la Place des Arts. Signée Benoît Vermeulen (mise en scène) et Francis Monty (texte), la production est destinée aux adolescents, mais pourrait facilement plaire à un plus grand nombre. Ces jours-ci, les mêmes dix comédiens, qui ont également insufflé la matière de l’oeuvre, reprennent du service.

"Ce spectacle ne ressemble à rien de ce que je connais, avoue François Arnaud, l’un des membres de la distribution. Ça parle de faire des choix, et de composer avec l’angoisse, la séduction et la passion. C’est une forme assez éclatée où il y a une évolution, mais pas de trame narrative à proprement parler. Ce sont des tableaux où l’on sent l’évolution des personnages et où l’on suit une histoire. Aussi, dans la tradition des créations de Benoît au Clou, il y a de la vidéo, des micros et de la musique en direct."

Après une semaine de discussions, où tous partagent leurs expériences de l’adolescence, les histoires des uns et des autres s’entremêlent. François Arnaud explique: "L’expérience singulière que vit mon personnage est inspirée du récit d’un autre et la matière que j’ai livrée a pu servir ailleurs dans l’histoire, pour d’autres acteurs." Six mois après la première rencontre, Francis Monty revenait avec une dizaine de pages à partir desquelles les comédiens ont improvisé.

Il faut dire que Monty et Vermeulen avaient déjà utilisé cette méthode pour créer Romances et karaoké, un procédé qui vient initialement du metteur en scène, mais qui n’est pas si étranger à celui utilisé par l’auteur et son équipe habituelle. "Il y a une parenté d’écriture avec le Théâtre de la Pire Espèce, affirme Monty. Je ne suis pas sûr que plusieurs auteurs auraient envie de s’y risquer. Ça demande une certaine humilité." Dans un tel contexte, il semble difficile de revendiquer pleinement la paternité d’un texte. "Il vient un moment où tu ne sais plus d’où viennent les répliques, révèle Monty. Par contre, ce qui est très chouette, c’est qu’il y a là cet idéal du théâtre où les rôles sont fragmentés et où l’on travaille tous pour un même objet."

Cependant, la démarche exige beaucoup de temps et de disponibilité: "Tu as beau avoir des idées, si la forme ne le permet pas, tu es obligé de tout jeter et de recommencer. Il faut vraiment que tu te plies à ce qui est devant toi." Ici comme dans le théâtre d’objet, où les artisans doivent trouver la personnalité et les possibilités de l’objet avant de concevoir le spectacle, la matière est issue des acteurs. "Des images fortes ont surgi d’eux. Souvent, je n’avais presque rien à ajouter. On peut dire que ce sont vraiment des rôles écrits sur mesure!"

Jusqu’au 3 novembre
À la Salle Fred-Barry
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