Luce Pelletier : Une place au soleil
Scène

Luce Pelletier : Une place au soleil

La première production du Théâtre Les Coudées franches, Éva, Gloria, Anna, Léa, est une traversée de l’oeuvre du dramaturge belge Jean-Marie Piemme. Luce Pelletier est à la mise en scène.

C’est en tant que professeur invité au Cégep de Saint-Hyacinthe que Luce Pelletier, metteure en scène et directrice artistique du Théâtre de l’Opsis, a proposé à ses étudiants de monter, au printemps 2005, un collage tiré de quatre pièces de l’auteur belge Jean-Marie Piemme. Diplômé en 2006, le groupe de comédiens, notamment constitué de Sylvestre Caron, Philomène Lévesque-Rainville, Francis Richard et Marie-Ève Trudel, a récemment décidé, avec Joseph Martin, fraîchement sorti de l’UQAM, de fonder le Théâtre Les Coudées franches et de faire résonner les mots de Piemme sur la scène montréalaise professionnelle.

Réflexe logique: ils ont fait appel à Luce Pelletier pour la mise en scène. "J’ai accepté parce que je les aimais bien, je gardais un bon souvenir de mon travail avec eux", lance Pelletier. Dans Éva, Gloria, Anna, Léa, on suit principalement les aventures de quatre jeunes filles: Éva, une vendeuse de chaussures qui décide de passer la nuit à marauder avec deux paumés; Gloria, une serveuse dans un resto minable; Anna, qui quitte son chum pour se prostituer; et Léa qui, au cours d’un procès, reconstitue les événements tragiques dont elle a été témoin dans une banque. Il s’agit de quatre histoires autonomes, soutenues par un fil conducteur: l’urgence de vivre de jeunes rebelles désoeuvrés qui se battent pour se tailler une place au soleil. "Ces jeunes-là vivent dans des banlieues pauvres, explique Pelletier en précisant que l’action se déroule quelque part en Europe. Ils cachent un mal de vivre, ils se cherchent, ils gueulent contre l’autorité."

La metteure en scène affectionne particulièrement le langage de Piemme: "Il mélange les genres d’écriture, et cette technique s’accorde avec ma recherche théâtrale personnelle. Parfois son écriture est presque brechtienne, on assume qu’on est au théâtre, les personnages parlent au public. D’autres fois, ce sont des scènes plus réalistes. Dans ses pièces, il y a souvent de longs monologues suivis de courtes phrases. Il procède à une fragmentation dans le rythme et le ton". La façon dont le Belge mêle action et narration dans une même scène pince également les cordes sensibles de Pelletier. "Dans Éva, Gloria, Anna, Léa, il arrive souvent que les personnages racontent et vivent une histoire en même temps. De plus, les situations sont parfois racontées via un choeur. C’est ce qui provoque une distance face aux plus épouvantables circonstances et c’est ce qui donne une légèreté au texte."

J’adore m’éloigner d’un théâtre réaliste, tout en disant quelque chose sur la société." Pendant 90 minutes, les 10 comédiens évolueront sur une scène minuscule et sans décor. "J’ai axé ma mise en scène sur la connivence des acteurs avec le public. J’ai également travaillé avec les interprètes pour qu’ils se mettent en bouche le texte sans que ça sonne trop franchouillard et pour qu’ils trouvent les déchirures de leurs personnages." Maintenant, c’est à eux de jouer!

Du 24 octobre au 3 novembre
Au Théâtre Sainte-Catherine
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