Thomas Gionet-Lavigne et Lucien Ratio : Nippon entre deux rives
Scène

Thomas Gionet-Lavigne et Lucien Ratio : Nippon entre deux rives

Thomas Gionet-Lavigne et Lucien Ratio, deux des créateurs de Japon, se relaient pour tenter de cerner ce spectacle aussi pluriel que singulier. Plaisir tous azimuts.

Dans Japon, un homme part pour Tokyo à la recherche de Suwa Maratori, une légende du théâtre nippon ayant adapté Cent Ans de solitude, une vingtaine d’années plus tôt… "C’est un show rock, lance Lucien Ratio. – Il y a un band sur scène qui prend beaucoup d’espace, précise Thomas Gionet-Lavigne. – Je dirais que même l’humour n’est pas toujours clean, reprend le premier. Ce n’est pas du bouffon, mais il peut y avoir ce côté plus irrévérencieux. – C’est un truc qui dérange un peu, du genre bum au grand coeur, renchérit le second. – Un show rock, un polar, avec des airs de spectacle de variétés, poursuit l’autre. Il y a de la musique, du cinéma, de l’acting… En fait, c’est un happening. Que tu pleures, que tu ries, l’important, c’est que ça te fasse quelque chose et que tu sortes en ayant passé une bonne soirée. – Oui, mais pas vide, de spécifier son complice. Je crois que ça fait réfléchir. Psychologiquement, dans les émotions, il y a des moments plus troubles. Et le texte offre plusieurs niveaux de lecture. Par exemple, dans les lettres, c’est une écriture plus nouveau roman… Il s’agit d’un mélange de Marguerite Duras et d’Y a-t-il un pilote dans l’avion?! – En plus, ça traite de l’étranger, c’est-à-dire de la manière dont tu te sens et dont tu vois les autres dans un milieu différent, de la découverte, continue Lucien. C’est comme un choc de cultures. – De la géopoésie", résume Thomas.

Autant dire que, comme le fait remarquer celui-ci, "il y a quelque chose de très ambitieux dans ce spectacle", faisant suite à une résidence d’un an à Premier Acte. "Ça a commencé par deux personnes [lui et Jean-Olivier St-Louis] qui improvisaient, relate-t-il. On s’est laissé porter par la création." Ce qui les a conduit jusqu’au Japon, au printemps dernier. Là, ils auraient découvert ce mystérieux artiste, dont ils s’inspirent et auquel ils désirent rendre hommage. "On s’est dit qu’on pourrait le ramener chez nous, où, étrangement, il n’est pas connu, raconte Lucien. – Moi, ce qui m’a attiré chez lui, c’est sa démesure, ajoute Thomas. Ce gars-là, il a fait des spectacles qui duraient 10 jours, dans les rues, devant 10 000 personnes… Des affaires qu’on ne peut même pas imaginer ici." Dans cet esprit, Japon promet d’ailleurs lui aussi bien des surprises. "On a essayé de créer un espace de rêve, enchaîne-t-il. Ce n’est pas surnaturel, mais ce n’est pas réaliste non plus. – Un peu comme si on débarquait avec notre caravane et nos jouets, illustre son collègue. – Il y a quelque chose de gamin, de lié à l’enfance", complète-t-il, avant de noter leur penchant tout nippon pour le zen et la technologie. "Il s’agit d’un théâtre d’images, de suggestion. Sur scène, on a un écran, un band, un banc chinois, une valise, et on utilise la lumière, l’ombre, les sons, les projections pour créer des ambiances." Mais surtout, il remarque: "Je dirais que c’est un show d’acteurs avant tout. – C’est vraiment le spectacle que j’aimerais voir", tranche Lucien. Ce à quoi l’autre ne peut qu’acquiescer. Bref, une production à l’image de leurs personnalités contrastées et placée sous le signe d’un plaisir partagé, qui, gagent-ils, saura également se propager à l’ensemble des spectateurs.

Du 23 octobre au 10 novembre
À Premier Acte
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L’audace et le dépaysement