À tu et à toi : Guerre et paix
Scène

À tu et à toi : Guerre et paix

À tu et à toi d’Isabelle Hubert vient de voir le jour dans une mise en scène de Jean-Sébastien Ouellette. Longue vie à une pièce drôle et touchante sur le temps qui passe.

Au secondaire, Christine (Nancy Bernier, savoureuse de justesse dans ce rôle de fille superficielle-sympathique) et Chantale (Érika Gagnon, naviguant adroitement entre sincérité et cynisme éthylique) étaient les meilleures amies du monde. De leur côté, Catherine (France Larochelle, qui porte avec naturel un discours plus intellectuel), la soeur de Chantale, et David (Christian Michaud, dont la présence s’impose à travers un effacement qui n’a rien d’anodin), un compagnon de classe et de travail, ne pouvaient tout simplement pas se sentir. Une vingtaine d’années plus tard, les trois femmes se retrouvent à la veille du remariage de Christine avec le frère de Chantale – mère monoparentale alcoolique qui n’a jamais quitté la Gaspésie – et de Catherine – dramaturge en panne d’inspiration qui se demande si elle ne serait pas plus utile comme infirmière. Puis, arrive David, ex-Casque bleu en choc post-traumatique, dont la présence fait resurgir le passé…

Entre hier et aujourd’hui, mais aussi entre le rire et les larmes, l’amitié érodée et la rivalité assagie, l’effusion des unes et le silence de l’autre, Isabelle Hubert réussit à exprimer en creux le coeur indicible de cette histoire, des questions qu’elle soulève, de ces personnages aux drames certes différents mais se relevant bien les uns les autres. Ainsi arrive-t-elle, après nous avoir amusés avec son sens de la répartie et son sarcasme, à éveiller en nous une émotion tendue entre l’espoir et la nostalgie. Il faut dire que son texte a eu la chance de rencontrer une équipe qui lui donne vie de belle façon. À sa tête, Jean-Sébastien Ouellette propose une mise en scène s’inscrivant elle aussi dans cet esprit de contraste synergique alors que, sur fond d’hyperréalisme, il joue ponctuellement avec les conventions pour créer des images tantôt ludiques, tantôt saisissantes. Deux procédés du reste efficacement exploités. En effet, la scénographie s’y fait d’une authenticité confondante (Bernard White) et le jeu évoque une attitude de tous les jours – hormis, peut-être, dans les scènes plus dramatiques. Tandis que projections, éclairages et musique rétro à forte connotation affective s’allient de manière à la fois habile et pertinente.

Jusqu’au 3 novembre
Au Théâtre Périscope
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