Martin Matte : Plus que parfait
Scène

Martin Matte : Plus que parfait

Martin Matte pourrait s’asseoir sur ses lauriers. Après tout, il a vendu 50 000 billets avant même d’avoir fini d’écrire Condamné à l’excellence. Mais ce n’est pas comme ça qu’il voit les choses.

Derrière le personnage arrogant qu’il incarne parfois en entrevue, Martin Matte cache un grand perfectionniste désireux d’en donner toujours plus aux gens. C’est pour cette raison qu’à la question: comment aborde-t-on la présentation d’un spectacle qui affiche complet jusqu’en octobre 2008, il rétorque du tac au tac: "Ça ne change rien. Quand tu montes un nouveau show, tu veux qu’il soit bon. Pendant que je l’écrivais, j’ai reçu une plaque pour 50 000 billets vendus sur lequel on avait mis "Martin Matte 2 (titre provisoire)" parce que je ne savais pas encore comment j’appellerais le show. Ça m’a fait un baume, ça m’a stimulé de savoir que les gens avaient le goût de voir ce que je fais, mais en bout de ligne, ça ne change rien de savoir qu’il y a 8 ou 100 000 billets de vendus. T’es attendu, t’es orgueilleux, tu veux que le show soit bon, que les gens aiment ça pareil."

Celui qu’on n’a pas vu sur scène depuis la dernière représentation d’Histoires vraies en 2004 serait bien incapable d’expliquer son succès, ce qui ne l’empêche pas d’essayer. "Physiquement je suis très beau!" s’exclame-t-il avant de reprendre plus sérieusement: "Je ne sais pas. C’est peut-être la somme de ce que j’ai fait. Le premier show a bien marché et ensuite, j’ai animé des galas en plus de tourner des pubs et de faire toutes sortes de bébelles à gauche et à droite. Sur mon site, il y a un blogue dans lequel les gens peuvent m’écrire. Certains ont aimé Caméra Café, d’autres, les pubs. Ça fait 12 ans que je fais ça. J’imagine que les gens aiment mon genre d’humour."

Il avoue cependant qu’il est toujours surpris, et en même temps heureux, de constater que son humour, qu’il trouve audacieux, rejoigne un si large public: "J’ai l’impression d’aller à la limite de la provocation, de l’émotion et du rire jaune, alors ça me fascine de savoir que je touche autant de personnes différentes." Il est pourtant loin de sous-estimer l’ouverture d’esprit des gens: "Des fois je me fais rire avec mes blagues. Puis, je les montre à François Avard et Alexis Martin (qui signe la mise en scène de Condamné à l’excellence) en me demandant si on trouve ça drôle simplement parce qu’on fait ça à longueur de journée. Mais je réalise que les gens sont de plus en plus avertis en matière d’humour. Il y en a tellement à la télé et sur Internet. Est-ce pour cette raison que les gens sont davantage allumés et capables d’en prendre? Peut-être."

SAVOIR SE SURPRENDRE SOI-MEME

Chose certaine, l’humoriste a eu l’occasion de constater, depuis la première de Condamné à l’excellence qui a eu lieu à Québec le 17 octobre dernier, que le public réagit bien à ses nouveaux numéros: "Quelques personnes sont saisies quand je fais mon numéro sur la mort, mais ça, c’est bien correct." Quand une recette fonctionne, on dit de ne pas la changer. On peut par contre essayer de l’améliorer. C’est le défi que s’est donné Matte lorsqu’il a commencé à écrire son spectacle en 2006: "Dans le numéro sur mon frère, c’est drôle, puis après ça ne l’est plus. Cette fois-ci, dans le numéro sur la mort (au sujet de son père), je me suis donné comme défi de toucher fort et de faire rire, puis de toucher fort encore une fois avant de faire rire à nouveau. Je n’avais jamais joué dans ces zones-là. Les gens savent ce que je fais, alors j’essaie de me surprendre moi-même pour pouvoir les surprendre aussi."

L’humoriste se paye un beau cadeau durant cette tournée: il n’y a pas d’entracte. "Quelle joie!" La première fois qu’il a donné un spectacle sans entracte, car c’était une exigence au Manoir Rouville-Campbell (qui appartenait alors à Yvon Deschamps), Matte a vécu l’une des plus belles expériences de sa vie: "J’ai adoré pouvoir partir sur un stretch. Il n’y a aucune raison artistique à l’entracte, sinon celle de vendre de l’alcool dans le milieu du show. Il n’y a pas d’entracte dans les spectacles d’humour à Paris, et c’est parfait. Tu t’assois, t’écoutes le show, c’est comme une tonne de briques et tu restes dans l’énergie. Je n’y vois que des avantages, même en tant que public." Puis, en guise de conclusion, l’humoriste ajoute: "Sincèrement, je pense que je suis meilleur en 1h35 qu’en 1h55!"

Du 30 octobre au 10 novembre au Théâtre St-Denis
Du 28 février au 1er mars et du 24 au 26 juillet 2008 à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
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