Éric Paul Parent : Les éclopés d’Inishmaan
Éric Paul Parent fait revivre les habitants dépourvus d’une petite île irlandaise dans Billy l’éclopé de Martin McDonagh.
Ce devait être le chant du cygne de Gilles Provost, qui présente sa dernière saison à la barre du Théâtre de l’Île, mais, conflit d’horaire oblige, il a confié la mise en scène de The Cripple of Inishmaan à Éric Paul Parent.
Cette comédie noire de l’étoile montante de la dramaturgie irlandaise Martin McDonagh se passe en 1934 alors que les habitants de l’île isolée d’Inishmaan voient leur vie chamboulée par l’arrivée d’une équipe de tournage hollywoodienne. À la surprise générale, c’est l’handicapé Billy, le laissé-pour-compte, victime de railleries depuis sa prime enfance, qui attire l’attention des visiteurs. Il obtiendra de ce fait un rôle qui lui permettra de quitter cette vie insulaire et misérable, ce qui n’est pas sans créer l’inquiétude et la jalousie autour de lui. "La pièce se déroule sur une île où rien ne pousse. Les habitants sont comme une grande famille où tu te promènes tout nu devant les autres, où tu peux te dire les quatre vérités, où il n’y a pas d’intimité ni de diplomatie… Ce sont des gens qui ne savent pas communiquer de façon raffinée. Ils communiquent parfois à coups de pierres, de claques ou de pieds", résume Éric Paul Parent.
L’adaptation québécoise de Michel Dumont, intitulée Billy l’éclopé, serait plus diluée dans son propos et beaucoup plus douce que la version originale, selon le metteur en scène: "Je pense que ça convenait à la production que l’on monte ici. L’objectif n’est pas de choquer. Or, j’ai modifié quelques passages qui pour moi étaient éloignés de la version originale. J’aurais traduit le titre autrement aussi avec L’Éclopé d’Inishmaan ou Les Éclopés d’Inishmaan. La pièce n’est pas seulement l’histoire de Billy; ils sont tous éclopés à leur façon, que ce soit physiquement, émotionnellement, psychologiquement. Il y en a qui sont timides, il y en a qui sont violents", complète-t-il. Cette agressivité et cette spontanéité engendrent par ailleurs un humour noir que McDonagh manie avec finesse.
Éric Paul Parent voit en outre des parallèles entre l’oeuvre de McDonagh et celle de Michel Tremblay, dans leur façon de situer leurs actions dans les mêmes endroits, avec des personnages similaires. "Comme chez Tremblay, ce sont les histoires d’individus et leurs relations entre eux. Un grand nombre d’Irlandais ont immigré au Québec et dans l’ouest du Canada et il y a des similitudes dans nos cultures: le même genre de folklore, les instruments de musique, l’église catholique pour certains", conclut-il.
Jusqu’au 8 décembre
Au Théâtre de l’Île
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À voir si vous aimez / Le théâtre de Martin McDonagh