Everybody's Welles pour tous : Au nom du père
Scène

Everybody’s Welles pour tous : Au nom du père

Avec Everybody’s Welles pour tous, Patrice Dubois et Martin Labrecque enseignent Orson Welles, divertissent, et surprennent.

Le conférencier et spécialiste d’Orson Welles qu’incarne Patrice Dubois, également coauteur (avec Martin Labrecque) et metteur en scène du spectacle, transmet bien sûr une foule de connaissances sur l’artiste pluridisciplinaire, mais entre les accents d’humour et la chronologie des faits, c’est toute la relation filiale qui est mise en jeu. C’est que le tandem a choisi de percer le personnage par cet angle qui met au jour les probables résonances des difficultés de la relation entre Welles et son père.

En somme, un des importants moteurs d’écriture de l’homme de cinéma aurait été de vouloir impressionner son père. Afin, peut-être, de ne pas trop s’éloigner des faits et de se permettre plus de liberté à la fois, le duo a créé ce conférencier qui nous raconte Welles en projetant lui-même sur son sujet ses propres démêlés avec le père. Ainsi, on fait des liens et extrapole autour du comportement de Welles avec ses mentors, comme on glisse dans l’intimité du conférencier, scrutant certains aspects de sa vie familiale, entre autres ses rapports avec son fils William (Shakespeare hante d’ailleurs différents carrefours de la pièce). Et c’est cette tension, cette manière d’investir tous les visages de la filiation, qui fait de ce ravissant divertissement un objet théâtral intéressant. Formellement, la pièce s’inscrit aussi dans l’esprit de Welles, y allant de quelques explorations techniques modestes mais intéressantes du côté des éclairages et de l’utilisation du décor. Olivier Landreville a imaginé un tableau qui passe du noir opaque à la transparence, dévoilant, de l’autre côté, le comédien Stéphane Franche qui appuie la trame narrative de différents numéros qui font office de projections insérées dans la conférence.

Cette trouvaille, astucieux clin d’oeil au cinéma, permet de rythmer le monologue comme de basculer dans le passé, de changer de ton, de passer la matière légèrement, et aussi de nous surprendre. Depuis sa création en 2003, aucun véritable changement n’apparaît, si ce n’est que tout coule davantage. Il s’agit d’un spectacle original, bien ficelé et issu de nombreuses recherches.

Jusqu’au 3 novembre
À l’Espace Go
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