Japon : L'homme qui n'était pas là
Scène

Japon : L’homme qui n’était pas là

Japon nous avait été présenté comme un show rock, un polar, un trip d’acteurs. On en retient effectivement le beat, les atmosphères et le jeu, des comédiens comme de la narration.

Peu avant la première de sa nouvelle création intitulée Japon, Suwa Maratori, une légende du théâtre nippon, disparaît… Un ami québécois, avec qui il correspondait, engage alors un privé (Thomas Gionet-Lavigne) pour le retrouver. C’est ainsi que, les lettres du metteur en scène dans ses bagages, celui-ci s’embarque pour Tokyo. Là, il est accueilli par le neveu de son employeur, un étudiant au Conservatoire qui l’aide dans son enquête. À la lecture des écrits de l’artiste, le détective découvre un homme triste et solitaire, tandis que son investigation sur le terrain l’amène à rencontrer une panoplie de personnages colorés…

La Compagnie Thomas nous propose ici une création misant sur les atmosphères et le jeu plus que sur le texte à proprement parler. D’abord, c’est la musique, omniprésente et interprétée en direct (Alexandre Thériault, Philippe Labrèche, Jonathan Saillant), qui donne le ton. D’une part, par le rythme, l’énergie qu’elle confère au spectacle, et qui n’est pas sans appuyer son côté polar. D’autre part, par des chansons abordant les thèmes plus graves, comme celui de la solitude. De même, la scénographie très zen (deux pans de mur évoquant la ville, un écran, une valise, un banc) se métamorphose astucieusement sous l’effet des éclairages et des projections pour nous transporter d’un lieu à l’autre (cinéma, théâtre, bar, chambre d’hôtel, etc.); pour nous transporter ailleurs. Un pays étrange, au carrefour du film noir, avec la fatalité que cela suppose, et de la comédie malicieuse, en forme de clin d’oeil, de moquerie, d’autodérision. Cela dit, le style dur à cuire et l’humour ont tendance à désamorcer le drame, à le tenir à distance. Ce qui nous ramène au jeu, un des aspects les plus réjouissants du spectacle, alors que les acteurs se payent un amusant délire d’interprétation, tout en nous proposant une pièce qui interpelle par son ludisme. Ainsi Lucien Ratio et Jean-Olivier St-Louis relèvent-ils divers défis, à travers des rôles de composition très marqués et sous l’effet de certaines contraintes (un Feydeau en solo, une femme, un mime, etc.). Voilà qui n’est pas sans solliciter la complicité du spectateur, qui peut ou non se laisser prendre au jeu. Idem en ce qui a trait aux allusions à la représentation, dans cette manière de métathéâtre à degrés multiples.

Jusqu’au 10 novembre
À Premier Acte
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