Terre océane : Monter au ciel
Dans Terre océane, une pièce de Daniel Danis mise en scène par Gill Champagne, deux hommes et un chien accompagnent un enfant vers la mort.
Cet automne, le deuil est sur presque toutes les scènes de la Métropole. Après Bonne nuit, je pars, Moitié-moitié et Le Chant des Gaston, c’est au tour de Terre océane, la plus récente pièce de Daniel Danis, une histoire de transmission et de rédemption mise en scène par Gill Champagne, de tenter et peut-être même de réussir à nous réconcilier avec la mort.
Partant d’un motif connu, les derniers jours d’un enfant atteint d’une maladie incurable, la fable de Danis transcende son sujet, invente des réponses, donne des explications qu’on a désespérément envie de croire. Auprès de Gabriel, 10 ans, celui qui se prépare pour la grande traversée, il y a Antoine, 40 ans, le père adoptif qui ne l’a pas vu depuis des lustres, et Dave, 70 ans, l’oncle chaman, le sage essentiel, le presque père. Sur la terre océane de ce dernier, avec la chienne Florine qui court autour d’eux, les trois hommes attendent la mort. En chemin, parce que l’agonie est bel et bien un chemin, une route qui part de soi, traverse l’autre et se prolonge dans l’au-delà, les trois hommes vont se transformer radicalement. Sous nos yeux, alors que la mort approche à pas de loup, ils vont, plutôt que de se complaire dans le malheur, faire des découvertes inespérées. Ici, comme c’est souvent le cas dans le théâtre de Danis, la vie et la mort, l’amour et la perte marchent main dans la main.
Jean Hazel et Éric Guilbaud ont imaginé une scénographie aux lignes de fuite changeantes, une petite maison qui se métamorphose alors que la musique graveleuse de Jean-Michel Dumas se glisse jusqu’à nos tympans. Quant aux comédiens, ils réussissent à émouvoir sans jamais verser dans le pathos, ce qui n’est pas rien. Sébastien René prête son regard perçant et sa voix délicate au petit Gabriel. Les scènes qu’il partage avec François Clavier, l’oncle Dave, sont de loin les plus troublantes. Sans qu’on ne sache exactement pourquoi – serait-ce une question d’accent? -, Arnaud Aubert n’est pas toujours juste. Mais ces quelques passages sont bien loin d’enrayer la mécanique de l’ensemble. Marie Pascale incarne ses personnages avec justesse, mais c’est dans la peau de la chienne Florine, narratrice extralucide, qu’elle vise le plus juste. On ne peut que se réjouir de savoir que ce spectacle, coproduit par le Quat’Sous, le Trident, Logomotive Théâtre et la compagnie Arts/Sciences, risque fort de visiter d’autres terres.
Jusqu’au 17 novembre
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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