Turcs gobeurs d’opium : Du kETchup plein les veines
Avec kETchup, les Turcs gobeurs d’opium poursuivent ce qu’ils avaient entamé avec Bazooka; ils en mettent plein la gueule.
Dans Le Grand Cahier, un roman d’Agota Kristof, on retrouve deux jumeaux qui font l’apprentissage de la cruauté en bas âge afin de survivre aux atrocités de la guerre. Leur intelligence surpasse celle des adultes qui les entourent; ils sont sans pitié. Dans kETchup, on a l’impression que ces deux jeunes jumeaux prennent vie… mais sous forme extraterrestre. Ils poussent tellement à bout leur beau-père, campé solidement par André Gélineau, que celui-ci les assassine. L’homme se retrouve en prison et c’est dans le parloir de celle-ci que se déroule cette pièce qualifiée de "thriller burlesque de science-fiction".
Dans le théâtre, la tension s’installe avant même que la pièce commence; la voix indiquant les sorties de secours semble d’origine extraterrestre. Les éléments du décor sont métalliques et rouge… rouge ketchup. Dans un coin, une petite cellule abrite Jacques-Philippe Lemieux-Leblanc, qui crée une inquiétante ambiance musicale. La table est mise pour ce spectacle qui se déguste du début jusqu’à la fin.
Pour les Turcs gobeurs d’opium, kETchup représentait un défi de taille. Créer un véritable thriller exige une solide intrigue. Celle du destin de Boris, le beau-père des jumeaux, s’avère efficace. Le texte d’André Gélineau comprend plusieurs perles. Les personnages sont plus complexes qu’ils le laissent paraître au premier abord. Les masques tombent petit à petit et le punch final surprend.
L’aspect burlesque de cette pièce réside principalement dans le personnage de Lucette, interprété par Marianne Roy. Celle-ci offre une grande performance comique qui tourne parfois au tragique. Les jumeaux, joués par Alexandre Leclerc et Véronique Laroche, sont également truculents à voir et entendre. D’ailleurs, on aurait pris davantage de ce menaçant duo qui se déplace en fauteuil roulant. Simon Vincent interprète de belle façon le gardien de prison. Par ses coups de matraque ou ses sourires machiavéliques, il crée une tension sur scène tout au long de la pièce. Le seul bémol en ce qui concerne le jeu revient à Jackie, personnage joué par Marie-Claude Élias. Au cours de la première représentation, la comédienne ne semblait pas avoir trouvé le bon ton afin d’incarner cette femme manipulatrice et séductrice.
Malgré quelques éléments de mise en scène qui laissent perplexes (comme la scène durant laquelle Boris enlève ses menottes), le dicton de cette pièce s’avère véridique: "Du ketchup plein les veines vous gardera en haleine."
Les 1er, 2 et 3 novembre à 20h
À la salle Desjardins du Théâtre Léonard-Saint-Laurent
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Le roman Le Grand Cahier d’Agota Kristof
Les films des frères Coen
L’écriture de Louis Saïa