Vincent Brillant-Giroux : Un robot surhumain

En 1999, peu de temps après sa sortie de l’École nationale de théâtre, Vincent Brillant-Giroux fonde le Théâtre de l’Apparition, une compagnie au sein de laquelle il ne tarde pas à écrire, mettre en scène et interpréter des oeuvres solos. Après Les Tribulations d’un homme guidé par la pensée positive (1999), Les Jardins souterrains d’Izililil-tsil-tsli (2001) et La Passion du Ballon-balai (2002), il organise une Rencontre illégale avec un robot artiste.

En 2050, un robot au tempérament artistique échappe au contrôle de ses créateurs et entreprend de donner des représentations théâtrales illégales où il expose aux spectateurs les grandes questions existentielles qui sont, pour lui, d’une nouveauté déconcertante. Rieur, Brillant-Giroux explique: "Le soir des représentations, le public est appelé à jouer la foule qui, en 2050, viendrait clandestinement voir ce robot-là." Pourquoi est-on sur Terre? Quel est le sens de l’existence? Y a-t-il une vie après la mort? Voilà le genre d’interrogations que se pose l’originale créature. "Il y a eu un temps où les religions donnaient des réponses à ces questions, estime Brillant-Giroux, mais avec le développement des sciences, la crédibilité de ces explications a été minée."

C’est en consultant des ouvrages religieux et anthropologiques, dont ceux de Mircea Eliade, que l’artiste a eu envie d’aborder ces thèmes métaphysiques. "Dans toutes les sociétés, l’humain a toujours essayé de comprendre d’où il venait et il a toujours réussi à s’inventer des scénarios. J’ai eu envie de créer un personnage aux prises avec ces questions." Ce personnage, une parfaite réplique de l’humain, mais doté d’une intelligence synthétique, est d’avis que seule la science peut nous éclairer sur ces questions fondamentales. "Il veut mettre sur pied les moyens technologiques pour accélérer les recherches scientifiques et devenir le premier à conquérir ce territoire de la connaissance. Il a un grand sentiment de supériorité face aux humains!"

Pour s’assurer que le spectateur saisisse toute la complexité des idées élaborées par son robot, Brillant-Giroux tente, à travers les mouvements de son corps, d’incarner la pensée de son personnage. Pas étonnant que son protégé, programmé pour être un artiste de la scène, danse le flamenco! Le créateur a donc misé sur le jeu, la relation avec le public, le travail chorégraphique et l’occupation de l’espace: "Mon personnage a une forte volonté de puissance et une fierté qui peuvent s’apparenter au flamenco. Le découpage des idées est donc à la base du rythme dans ce spectacle. Je peux créer un rythme avec mes pieds, qui deviennent des instruments et soutiennent l’émotion. Tout est chorégraphié. J’ai répertorié entre 600 et 800 gestes!" Si vous êtes curieux d’entendre les réflexions d’un robot sur des questions éminemment humaines, courez au rendez-vous!

Du 1er au 24 novembre
À la Salle d’Auteuil du Gesù