Le Périmètre : Géométrie variable
L’Espace René-Provost renaît avec Le Périmètre, une comédie dramatique de Frédéric Blanchette où un couple se consume de l’intérieur.
Choisi meilleur texte original aux Masques en 2006, Le Périmètre est la première pièce de Frédéric Blanchette, celui-là même qui défendait intensément le monologue de Trains fantômes de Mansel Robinson au dernier Festival Zones Théâtrales. Sa comédie dramatique prendra cette fois une autre dimension entre les mains de la metteure en scène Kira Ehlers, qui se réapproprie l’intimiste Espace René-Provost le temps de quelques représentations.
Fouillant la sempiternelle question de la vie à deux et tous ses déboires, Le Périmètre examine la rupture d’un couple (interprété par Yves Turbide et Geneviève Couture) qui essaie tant bien que mal de bâtir une zone de bonne entente, tout en tenant compte de son fils unique et du nouvel ami de coeur de madame (Stéphane Gravel).
La séparation a déjà eu lieu lorsque la pièce s’amorce. "Le rythme est essoufflant. Les deux ex-conjoints se font des reproches constamment. Puis, il y a la scène de la fête du petit garçon où ils ont bu du vin et où ils sont nostalgiques, et c’est suivi de la rencontre du chum…Le conflit est déjà présent au début et ne fait qu’empirer."
Même si l’enfant était déjà absent de l’action de la pièce, la metteure en scène a aussi voulu couper la seule réplique que l’on entend du fils, qui se trouve au milieu de la tempête. "Je ne voulais pas que l’on entende sa voix, tranche la metteure en scène. C’est pas son histoire, il ne comprend pas ce qui se passe et ça appartient aux deux adultes. L’enfant est innocent là-dedans. Il y a quand même des photos sur les murs, mais je ne voulais pas rendre ça trop personnel."
Malgré son propos tranchant, Le Périmètre n’est pas dépourvu d’humour, spécialement dans les échanges houleux qui s’avèrent risibles par leur justesse de ton. "Sur le plan du rythme, c’est un dialogue familier. Pour Geneviève Couture et Yves Turbide – qui a 25 ans d’expérience! -, ça a été leur plus grand défi. C’est que c’est truffé de points de suspension! Il faut arriver à rendre cela familier et naturel… Ce qui est bien du texte, c’est qu’il n’est pas trop "écrit", il est "vécu"."
Ainsi, devant les manques de l’un, les mauvais coups de l’autre, les forces et faiblesses de chacun, entre l’hystérie et l’irrationalité, la relation des ex-conjoints s’effrite fatalement. "C’est une pièce crève-coeur, mais je ne voulais pas la rendre trop mélodramatique non plus. Je voulais juste raconter l’histoire de ce couple qui ne s’aime plus et pourquoi il en est ainsi", conclut Kira Ehlers.
Jusqu’au 8 décembre à 20h
À l’Espace René-Provost
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