Matroni et moi : Deux mondes fous, fous, fous
Scène

Matroni et moi : Deux mondes fous, fous, fous

Matroni et moi prend, sous la direction de Patric Saucier, des airs de cartoon coloré. Un rire digne du théâtre d’été, comme un rayon de soleil aux portes de l’hiver.

Que se passe-t-il lorsqu’un étudiant idéaliste s’intéressant à des questions d’éthique et de justice doit choisir entre se mêler de ses affaires et agir selon sa conscience? C’est ce que nous découvrons dans Matroni et moi, d’Alexis Martin, où Gilles (Hugo Lamarre, sympathique en intellectuel verbomoteur aussi candide qu’un enfant devant ce qui concerne le plancher des vaches) rend visite à sa nouvelle amoureuse, Guylaine (Catherine Larochelle, faisant revenir au galop et avec punch le naturel que cette fille-objet peu éduquée tente en vain de chasser). Alors, le frère criminel de cette dernière, Bob (Nicola-Frank Vachon, alternant entre gros bras et souffre-douleur, mais constamment rigolo dans sa bêtise), lui demande de livrer une lettre contenant le nom de deux traîtres à son patron, Matroni (Jack Robitaille, aux pétages de plombs tout simplement savoureux). Son alternative: condamner à mort des inconnus ou mettre sa vie et celle de sa bien-aimée en péril…

Par des attitudes révélant à grands traits l’essence drolatique des personnages; par des mimiques et des gestes caractéristiques, excessifs, se répétant parfois jusqu’au running gag; par des accents aussi contrastés qu’éloquents; par un rythme débridé ponctué d’arrêts tendus, nous laissant anticiper avec bonheur l’explosion à venir, Patric Saucier mise d’abord sur le jeu des comédiens, l’énergie du direct pour mettre en valeur l’humour du texte, résidant dans le choc de deux mondes. Parti pris heureux s’il en est, puisque les rires éclatent de bon coeur. De même, il joue avec les conventions (bruits, didascalies, etc.) pour y aller de clins d’oeil amusants. En fait, tous les moyens théâtraux se conjuguent ici dans une perspective "cartoonesque". Ainsi, qu’il s’agisse du veston jaune Tintin de Gilles, de la robe manga plantureuse de Guylaine, du style efflanqué à la Averell de Bob, des énormes lunettes Snatch de Matroni ou du complet blanc au-delà du père de Gilles (Michel Thériault), les costumes (Lucie Larose) s’avèrent fantaisistes et typiques. Idem pour le décor (Élise Dubé), simple et symétrique, mais avec un petit penchant expressionniste; pour les projections, rappelant les onomatopées de Batman; et pour la musique (Fabrizio Trembletta), fortement connotée. Enfin, si devant cette effusion comique l’aspect plus sérieux détonne un peu, c’est sans toutefois que le divertissement n’ait à en souffrir.

Jusqu’au 24 novembre
Au Théâtre de la Bordée
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La Petite Vie et Snatch