10 Days on Earth : Au fil du temps
Avec 10 Days on Earth, la dixième production de sa compagnie, le Canadien Ronnie Burkett prouve à ceux qui ne le savaient pas encore qu’il est un véritable maître de la marionnette.
Le marionnettiste torontois Ronnie Burkett est un véritable phénomène, un créateur aux mille talents. Concepteur de ses marionnettes à fils, il est aussi l’auteur et l’interprète unique de son 10 Days on Earth. Durant les deux heures que dure la représentation, l’homme ne se donne pas une seule seconde de répit. Passant d’un personnage à l’autre à la vitesse de l’éclair, entraînant son récit de la douleur à la folie pure, il surplombe son grand castelet avec majesté.
Au coeur de ce spectacle qui terminera bientôt sa tournée internationale, il y a Darrel, un déficient intellectuel dans la trentaine. L’homme-enfant, hyperactif, verbomoteur et surtout particulièrement attachant, vit seul avec sa mère dans une vieille maison pleine de boiseries. Quand sa mère meurt dans son sommeil, Darrel, trop absorbé par ses activités quotidiennes (il travaille dans un shoe shine stand), ne réalise pas ce qui est arrivé. Il lui faudra 10 jours pour prendre conscience qu’il est maintenant seul au monde. Pas tout à fait seul en fait, parce qu’il a des amis, des personnages hauts en couleur qu’il croise en se rendant au travail. Le plus flamboyant, qui s’appelle Lloyd, est un itinérant qui se prend pour Dieu et critique vertement la société en marge de laquelle il évolue.
Parallèlement à ce quotidien rendu avec tendresse et authenticité, il y a des scènes qui surgissent du passé de Darrel, des moments poignants avec sa mère ou encore avec cette charmante employée de l’Armée du Salut qui pousse si joliment la chansonnette. À cette ingénieuse et émouvante méditation sur la perte, le deuil et la solitude, les aventures du chien Honeydog et du canard Little Burp, les héros du livre préféré de Darrel, ajoutent un caractère franchement irrévérencieux. Hilarants et politiquement très incorrects, ces moments de théâtre dans le théâtre, bien que trop nombreux, mettent habilement en perspective le sort de Darrel.
Parfois, il faut le dire, la langue est une barrière. Comme le spectacle est carrément impossible à surtitrer, il faut accepter, à moins d’être très habile en anglais, que quelques subtilités, jeux de mots et peut-être même quelques bonnes blagues nous échappent. Mais il s’agit vraiment de la seule ombre au tableau. On a déjà très très hâte que Ronnie Burkett repasse par Montréal.
Jusqu’au 17 novembre
À la Cinquième salle de la PdA
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Consultez la page de la Série Cinquième salle sur www.voir.ca/5esalle.
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