Dieudonné : Bouffon de cour
Sur l’affiche de son plus récent spectacle solo, Best of, Dieudonné – Dieudo pour les sympathisants – arbore la fameuse crête de Mister T, le héros de son adolescence. Décidément, l’humoriste français a un goût pour tout ce qui est dans le feu de l’action.
En effet, le controversé personnage a eu son lot de polémiques: après un sketch où il apparaissait en Juif orthodoxe sur un plateau de télé en 2003, il a été largement critiqué sur la place publique, taxé d’antisémitisme et poursuivi en justice. En 2006 et 2007, il a sympathisé avec Jean-Marie Le Pen, ses proches et les idées du Front National. Définitivement, pour plusieurs, l’homme ne fait plus du tout rire. "Mon camarade Claude Nougaro, chanteur et poète français qui nous a quitté il y a quelques années, me disait "Dieudonné, tu resteras esclave de ta liberté". Et c’est vrai, je me sens enchaîné à cette liberté d’expression. Pour moi, il faut tout dire et c’est salutaire pour le débat et pour le progrès de l’homme dans la société", tranche l’humoriste, étonnamment posé au bout du fil.
Avec ses numéros sur le port du voile, les politiques internes israéliennes, les Juifs, les événements du 11 septembre et les animaux en voie de disparation, Dieudonné aime toucher là où ça fait mal. "J’ai une aventure humoristique qui correspond au pays où j’ai grandi, la France. Je m’inscris dans une vieille tradition du bouffon à la cour, qui énonçait par le rire les questions assez lourdes et graves et qui ouvraient les débats", se défend-il simplement.
Celui qui aborde les sujets politiques sur scène s’est aussi frotté à l’exercice électoral en formant le parti Les Utopistes en 1997. Son aventure s’est poursuivie jusqu’en 2002 aux élections présidentielles, où il n’a pas su récolter les signatures nécessaires à poser une candidature valide. Politique et humour, même bataille? "Non. Je suis profondément un artiste de scène qui se passionne pour la philosophie, la politique, la sociologie. Je n’aurai jamais de postes à responsabilité, mais je resterai responsable de l’opposition; je critiquerai et défendrai mon droit à la critique. Mais je ne serai jamais du côté du pouvoir, je préfère la liberté de l’artiste."
Ayant mis un point final à la carrière politique, Dieudonné ferme également un chapitre avec son Best of. Il a ainsi pigé dans les 10 années de carrière solo pour sélectionner les sketchs les plus marquants, dont celui du port du voile – faisant selon lui écho aux questions actuelles du Québec sur les "accommodements raisonnables" – ainsi que La Fine équipe du 11, où il personnifie Mollah Jean-Christophe lors du briefing technique post-attentats du 11 septembre. "J’ai envie de conclure cette période pour me mettre à l’écriture."
Le 19 novembre à 20h
Au Théâtre Granada
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