Depuis 1990, François Pérusse a réalisé des milliers de capsules Les 2 minutes du peuple. Pas surprenant qu’il trouve de plus en plus difficile d’en écrire de nouvelles: "Chaque nouvelle blague équivaut à une blague de moins à utiliser par la suite. J’ai écrit près de 1700 capsules, qui comprennent chacune entre 12 et 17 blagues. Si on fait le calcul, ça en fait des blagues que je ne peux plus utiliser. Comme je suis mon seul écrivain et que je ne veux pas me répéter, oui, c’est difficile."

Heureusement, l’humoriste a toute une mémoire: "Ça m’est arrivé une fois d’utiliser une blague que j’avais déjà faite. Je me préparais à envoyer ma capsule à la radio, et comme mon doute persistait, je suis allé dans mes archives et je l’ai retrouvée. Je pensais que j’étais en train de devenir sénile, mais non, les 46 psychologues que j’ai consultés aux États-Unis m’ont confirmé que c’était tout à fait normal." Sa tâche serait sans doute moins ardue s’il écrivait pendant six mois une série de blagues qu’il présenterait ensuite sur scène pendant quatre ans, mais à cette seule idée, la nervosité s’empare de lui: "J’ai peur de la scène. Je fais moins de télé, mais quand j’en faisais, ça me rendait fou." Cela dit, il n’écarte pas l’éventualité d’écrire pour d’autres.

Celui qui vient de faire paraître le tome 7 de L’Album du peuple ne s’en cache pas: pour surprendre les gens qui connaissent bien son matériel, il doit travailler plus fort que jamais, un phénomène qu’il ne prévoyait pas en début de carrière: "Je ne pensais pas faire ça aussi longtemps, explique-t-il. Je suis flatté d’avoir encore des auditeurs. On dira que je travaille fort, oui, mais je suis choyé d’avoir un public aussi généreux et c’est pour cette raison que j’essaie de bien le lui rendre." Ce n’est pas un hasard si l’humoriste n’a pas donné d’album depuis quatre ans. D’une part, il y a la difficulté de se renouveler constamment et de l’autre, le déclin des ventes de disques: "En quatre jours, on avait vendu 100 000 copies du tome 4, lance Pérusse; aujourd’hui ce n’est plus possible."

Preuve qu’il faut maintenant en donner plus pour intéresser le public, ceux et celles qui vont se procurer le disque pourront télécharger sur le site officiel de l’humoriste 45 minutes supplémentaires de rire. "Avec le tome 6, on avait donné 20 minutes de téléchargement gratuit. Quatre ans plus tard, avec le marché du disque à la baisse, il faut en donner encore plus pour le même prix. Avec le tome 7, on donne 45 minutes, et s’il y a un tome 8, on va probablement donner une maison, une voiture et la moitié d’un pays." N’empêche que Pérusse s’estime gâté de faire son métier: "Le jour où je ne pourrai plus faire cette forme d’humour que je crée seul dans mon studio parce que ça ne plaira plus ou que je serai moins "punché", je ferai autre chose. Je le ferai en pleurant, mais au moins, il y aura toujours de l’eau sur la table."

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L’ALBUM DU PEUPLE – TOME 7

François Pérusse a beau dire que c’est difficile de trouver des jeux de mots pour ses 2 minutes du peuple, il suffit d’écouter les 15 premières minutes du tome 7 de L’Album du peuple pour en entendre des dizaines qui sont joyeusement cinglants. Aucun sujet n’est tabou: les funérailles, le placement des personnes âgées, les problèmes de jeu de Jean-Marc (géniales parodies des publicités gouvernementales), les forfaits cellulaires, Star Académie, etc. En plus des meilleures capsules diffusées à la radio, l’humoriste propose des chansons. Malheureusement, les textes de celles-ci sont moins drôles, comme s’il s’agissait davantage d’un prétexte pour faire entendre de la musique.

François Pérusse
L’Album du peuple – Tome 7
(Zéro Musique/Universal)