Normand Chouinard : À la barre des témoins
Au tour de Normand Chouinard de se livrer à Jean Faucher. Bien plus que le récit d’une carrière, les entretiens témoignent d’un pan de l’histoire du théâtre québécois.
Après Gérard Poirier, Albert Millaire, Rémy Girard et Gilles Renaud, c’est au tour de Normand Chouinard de se confier à Jean Faucher. L’acteur, qui a commencé sa carrière à l’âge de 20 ans, à Québec, en 1968, a accepté volontiers de plonger dans cette aventure. "Je ne me voyais pas écrire mon autobiographie, c’est trop tôt; par contre, cette formule d’entretiens m’apparaissait comme une belle occasion de faire le point après bientôt 40 ans de métier."
Par le truchement d’anecdotes et de témoignages sur le métier et sur sa vie, on apprend ou on se remémore que Normand Chouinard est le neveu du célèbre animateur culturel Jacques Normand, qu’il a fait le Conservatoire d’art dramatique de Québec après avoir honoré ses premiers engagements professionnels, qu’il a une formation d’avocat, qu’il a dirigé le Conservatoire d’art dramatique de Montréal et qu’il a été copropriétaire du Théâtre des Grands Chênes, de Kingsey Falls. On constate surtout que le comédien sait faire revivre des moments importants du théâtre québécois, notamment les années 60, dans la Vieille Capitale, alors qu’il fait partie de la Troupe Les Treize avec Rémy Girard, Martine Beaulne et Marie Laberge. "Les Treize avaient les moyens de se payer des metteurs en scène professionnels comme Raymond Cloutier, Gilles Renaud ou André Brassard. Ces gens avaient quelques années de métier de plus que nous, une expérience dont nous tirions profit. C’était la grande époque des créations collectives."
Le comédien est une véritable courroie de transmission entre les générations; on sent l’importance qu’il accorde à la mémoire: "C’est aussi une des raisons pour laquelle j’ai accepté l’invitation de Jean. J’ai voulu témoigner d’une période, la fin des années 60 et le début des années 70, une époque très importante pour les acteurs-créateurs, dont plusieurs ont bénéficié de l’enseignement de Marc Doré au Conservatoire de Québec. Souvent, on faisait tout collectivement, de l’écriture au jeu en passant par la mise en scène ou la conception des décors et des costumes. Il n’y avait pas de spécialisation. Si Hubert Fielden, à Montréal, a créé des Robert Gravel, on peut dire que Marc Doré, à Québec, a donné naissance à des Robert Lepage."
En somme, le livre cerne bien une époque, tout comme il regorge de détails sur le fonctionnement d’un théâtre d’été, d’un théâtre institutionnel comme le TNM (l’acteur siège sur le C. A. et collabore au comité de lecture) ou encore d’une maison d’enseignement comme le Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Et tout ça sans complaisance! En terminant, précisons que Jean Faucher et Normand Chouinard seront présents au stand Québec Amérique du Salon du livre.
Normand Chouinard (entretiens)
de Jean Faucher
Ed. Québec Amérique, 2007, 259 p.