Robert Lepage : Chemin parcouru
Avec Ex Machina: Chantiers d’écriture scénique, un livre qui vient de paraître, Robert Lepage nous entraîne dans les fascinantes coulisses de sa compagnie.
Des pistes de départ jusqu’à l’écriture finale des spectacles, le livre permet de découvrir, de l’intérieur, le processus de création unique d’Ex Machina. Nous avons rencontré Robert Lepage pour savoir quel sens il prête à cette publication qui a des apparences d’autoportrait, mais aussi de bilan.
Pour que ce livre voie le jour, il a fallu que le metteur en scène s’oblige à accorder des entrevues. "Les entrevues, explique-t-il, c’est intéressant parce que ça permet de s’arrêter et de réfléchir. C’est l’occasion de suivre une idée, de fouiller les sujets, d’éclairer la démarche, de revenir sur le travail accompli." Ces entrevues, il faut bien l’admettre, ce sont aussi des rendez-vous avec soi-même. "Il y a de ça, avoue Lepage, mais ce n’est pas par narcissisme. En répondant aux questions, j’ai réalisé des choses étonnantes, des choses qui sont sous-jacentes à mon travail." C’est Patrick Caux qui a servi d’interlocuteur au créateur. Pour le journaliste et critique de théâtre au Devoir, qui sera présent au stand Septentrion du Salon du livre, l’objectif était de rendre accessible le travail d’Ex Machina tout en situant l’oeuvre dans un contexte plus large: "Pour les gens qui s’intéressent au théâtre ou à la création, je pense que le livre offre une fenêtre unique sur la pratique d’un grand créateur."
À 50 ans, 30 ans après sa sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec, Robert Lepage est sans nul doute à l’heure des bilans. La Caserne, son espace de création, a 10 ans et sa compagnie, qui rayonne maintenant dans le monde entier, aura 15 ans en 2008. Au fond, c’est le moment ou jamais de s’adonner à un autoportrait "Un autoportrait, lance le créateur, c’est une bonne façon d’expliquer ce qu’est ce livre. Bien sûr, pas de moi mais de la compagnie. Au fil des ans, les gens ont décidé pour nous ce qu’était la méthode Ex Machina. C’est bien, leurs théories sont souvent très justes, mais cette fois, on s’est demandé ce que, nous, on avait à dire."
En somme, après les nombreux articles de la revue Jeu, l’ouvrage de Rémy Charest paru en 1995, l’étude de Ludovic Fouquet en 2005 et un nombre incalculable de mémoires de maîtrise et thèses de doctorat, le metteur en scène estime que le livre qui vient de paraître donne enfin l’heure juste. "C’est un livre qui représente la compagnie, il va permettre à tous les spectateurs de placer ce qu’ils ont vu en contexte, de comprendre un peu mieux la démarche." En ce sens, il s’agit d’une belle carte de visite. Écrit dans une prose accessible, rempli de photos et de croquis, l’ouvrage remonte le temps et rappelle de bons souvenirs. En guise de hors-d’oeuvre, on dévoile aussi quelques extraits du carnet de bord du Dragon bleu, un spectacle encore en gestation. La dernière partie, rédigée par Bernard Gilbert, permet de prendre la mesure du travail de Lepage dans le secteur de l’opéra, des réalisations majestueuses que bien peu de Québécois ont eu la chance de voir.
Ex Machina: Chantiers d’écriture scénique
de Patrick Caux et Bernard Gilbert
Éd. du Septentrion/ Éd. L’Instant même
2007, 80 p.
LEPAGE À LA CINÉMATHÈQUE
Du 21 novembre au 21 décembre, la Cinémathèque québécoise propose un cycle intitulé "Robert Lepage, un cinéma de liberté". On y retrouve, bien entendu, les longs-métrages réalisés par Lepage: Le Confessionnal (1995), Le Polygraphe (1996), Nô (1998), Possible Worlds (2000) et La Face cachée de la Lune (2003). Également au programme, des captations du Busker’s Opera, de La Face cachée de la Lune, des Plaques tectoniques et de la plus récente mouture de La Trilogie des dragons. On pourra aussi voir un film inspiré à Francis Leclerc par Les Sept Branches de la rivière Ota et un autre inspiré à François Girard par Le Polygraphe. Et, pour couronner le tout, deux documentaires: Chercheurs de miracles et Robert Lepage, Tuned to a Different Frequency. Info: 514 842-9763.