Boucar Diouf : La commission Diouf
Ça fait un bail que Boucar Diouf promène son spectacle D’hiver cité. Ce premier one man show, il l’a monté de façon instinctive. Il faut dire que ce Québécois d’origine sénégalaise n’a pas fait l’École nationale de l’humour; il a plutôt effectué un doctorat en océanographie. Ses seuls modèles ou références pour la scène, il les a apportés avec lui dans ses bagages lorsqu’il a traversé l’Atlantique pour venir étudier à Rimouski. C’est ce qui rend cet humoriste unique: "Mon humour, c’est l’humour de Boucar." Au cours de notre entretien, il évoque tout de même l’univers du conte ainsi que la caste des griots. Les griots sont des familles dépositaires de la tradition orale au Sénégal. Chez eux, il n’y a pas de frontière entre les genres. Ils mélangent tout: le conte, l’humour, la musique… comme Boucar.
D’hiver cité est donc un spectacle multidisciplinaire au cours duquel Boucar Diouf raconte une histoire qui fait rire et réfléchir. Depuis sa création, 50 % du contenu de D’hiver cité a changé. "C’est plus rythmé. Il y a davantage d’humour et de proverbes africains. Ceux-ci ont quelque chose de poétique qui touche ailleurs que par le rire." C’est justement par cette capacité à toucher les gens que Boucar occupe désormais une place de choix dans le coeur des Québécois. On le voit de plus en plus souvent au petit écran, et le nombre de spectateurs augmente de façon exponentielle lors de ses shows. Il a même récemment publié un livre afin de répondre à la demande. Les spectateurs voulaient repartir avec un peu de Boucar après l’avoir vu sur scène. Sous l’arbre à palabres, mon grand-père disait… permet à l’auteur de se raconter de façon tendre et humoristique. Ce recueil de contes et d’anecdotes est à l’image du spectacle.
Dans cet automne teinté par les accommodements raisonnables, D’hiver Cité gagne en pertinence, car le thème principal du spectacle est l’intégration. "La commission Bouchard-Taylor a rattrapé ce que je fais." L’humoriste raconte que le problème part de la ghettoïsation; on ne connaît pas assez ses voisins. Le manque de communication installe un mur. "Si on te connaît, on t’accommode dans toutes les directions et personne s’en rend compte." À son avis, c’est le multiculturalisme à la Trudeau qui fait peur aux Québécois, et avec juste raison. "On ne peut pas dire aux gens: "Tu peux venir ici et continuer à vivre comme tu vivais avant." Ce qu’on veut, c’est la communication." Justement, Boucar Diouf termine son spectacle par une période de questions. "En général, je leur dis que les immigrants ont un rêve d’ubiquité: ils veulent vivre dans leur pays d’origine et leur pays d’accueil. Je pense que la façon la plus simple d’y arriver est de s’ouvrir aux gens." Vivement une commission Diouf!
Le 24 novembre à 20h30
Au Vieux Clocher de Magog
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