Rachid Badouri : D'humour et d'eau fraîche
Scène

Rachid Badouri : D’humour et d’eau fraîche

N’ajustez pas vos appareils, Rachid Badouri débarque à Québec animé par la ferme intention d’interrompre vos émissions avec son premier one man show, Arrête ton cinéma!

L’occasion était trop belle! Une étoile montante de l’humour québécois, d’origine arabe et issue de Laval, une ville qui compte plus de 17 000 immigrants, la plupart musulmans. Comment ne pas être tenté de sombrer dans la convergence, de faire d’une pierre deux coups et de parler de la crise identitaire du Québec avec une vedette "néo-québécoise" qui cumule les honneurs depuis 2005?

Aussi bien passer aux aveux: comme plusieurs autres collègues, nous avons été séduit par la facilité.

"Rachid ne répondra pas aux questions concernant les accommodements raisonnables, la religion et la politique. Voulez-vous boire quelque chose?" Et voilà, la jolie relationniste venait de réduire à néant une matinée de préparation en deux phrases à peine. Ne sachant plus sur quel pied danser, nous étions projeté dans l’arène de l’improvisation… avec un humoriste!

N’en doutez pas, Rachid Badouri est un gentleman. Constatant peut-être notre désarroi, il explique: "Il y a tellement de façons différentes de toucher le monde. Prendre la rue avec des pancartes, ça ne me ressemble pas. Je trouve ça plus intéressant et plus pertinent de rallier les gens, de les rassembler. Je te jure, laisse-moi une heure avec le pire redneck et à la fin, on va rire, il va avoir du fun." Et cela fonctionne, semble-t-il, puisque au dire d’un confrère, le spectacle de Badouri a des vertus thérapeutiques.

Récompensé aux Oliviers et au gala Juste pour rire, ce fier et énigmatique Lavallois ne vit que pour l’humour. "Ça m’a aidé partout, avec les femmes, avec les études et avec les jobs. Je n’ai jamais raté une entrevue. L’humour, ça me permettait d’arriver là et de dire: "Bon, qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qui ne va pas bien, là? Je suis la solution à votre problème!" Quand le patron voulait savoir mes défauts, je lui répondais: "Mes défauts? Pensez-vous que je suis venu pour vous parler de mes défauts? ""

Québec, c’est l’ADQ, c’est la radio-poubelle, c’est un centre urbain divisé entre un noyau plutôt à gauche et une périphérie plutôt conservatrice, c’est une ville de paradoxes. Soyons francs, y a-t-il de quoi inquiéter un humoriste, immigrant de deuxième génération? "Je ne suis vraiment pas d’accord avec ça! Ça fait six fois que je viens en deux mois et tout me dit le contraire. Je vais dans les lieux publics, les restaurants, les bars, etc. Je vais vers le monde pour leur parler en direct et je suis super bien accueilli. D’après les ventes de billets, d’après les commentaires par courriel et surtout d’après ceux et celles que je rencontre un peu partout, je sens qu’on m’attend. Québec, c’est une étape très importante pour moi. C’est comme la Promenade au Monopoly: quand tu as ça, tu sais que t’as passé le test."

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE RIRE

Enthousiaste, l’humoriste raconte l’évènement à l’origine de la badourimanie: "C’était ma première médiatique et, dans la salle, il y avait des Maghrébins, des Italiens, des Indiens, des Asiatiques, des Haïtiens, des Français et des Québécois de souche. Je ne pouvais pas avoir une meilleure crowd! J’ai demandé s’il y avait telle ou telle culture dans le public, et à chaque fois on criait. Quand j’ai fait signe aux Québécois, seulement les pure laine ont crié. J’ai dit à la foule: "Vous ne comprenez pas, là…"J’ai reposé la question et là, tout le monde a allumé, ils ont pogné le cue. La salle a explosé, tout le monde criait d’une même voix. Le lendemain, j’écoutais Martineau à la télé et j’étais gêné par ses compliments."

Charmant, Badouri séduit son public par une spontanéité qui tient plus du don de soi que de la campagne promotionnelle. "Une fois, on faisait un tour à la billetterie et quand je me suis rendu compte qu’une des réceptionnistes était en train de vendre des billets pour Arrête ton cinéma!, j’ai pris l’appel en répondant: "Bonjour madame, c’est Rachid, je suis très content que vous veniez me visiter!" Ce genre de petites attentions là, c’est ma façon de rester attentif à mon public et de lui retourner l’ascenseur." Selon lui, les spectateurs ont des voeux secrets qui ne demandent qu’à être exaucés. "Moi je me rappelle de tout ce que je souhaitais qu’il arrive quand j’étais petit. Par exemple, je m’imaginais qu’Eddie Murphy venait me chercher. Si je peux réaliser ce genre de rêve là pour quelqu’un, je le fais."

Le 6 décembre (complet)
En supplémentaire les 13 et 14 février ainsi que du 29 au 31 mai 2008
À la salle Albert-Rousseau
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