Gala Novarinaire : Mordre dans la vie
Scène

Gala Novarinaire : Mordre dans la vie

Avec Gala Novarinaire, les Tuyaux humains croquent avec appétit dans l’univers langagier déjanté de Valère Novarina.

Pour leur première production, les Tuyaux humains, onze comédiens fraîchement diplômés de l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe, ont choisi de présenter un collage de textes de Valère Novarina, un auteur prolifique qui est peu connu au Québec mais qui jouit d’une grande renommée en France. Manon Lussier met en scène cet objet théâtral unique où les mots deviennent nourriture du corps et de l’esprit.

Onze convives se réunissent à l’occasion d’un festin plutôt original. Au menu: de la terre, des cailloux, de l’eau. Attablés devant cette matière minérale et organique, les invités s’interrogent sur le sens de la vie et de la mort, s’interpellent, se charment et puis s’en vont. Un rituel qui s’apparente drôlement à celui de l’existence. Des thèmes maintes fois employés au théâtre mais qui, grâce à la parole singulière de Novarina, adoptent une nouvelle couleur. Dans son discours, l’auteur met continuellement en parallèle l’acte d’exister et de manger. Les personnages s’exclament par exemple: "Lorsque nous mangeons, c’est signe que nous avons faim de changer les choses en nous." Ou encore: "Nous mangeons le réel par les mots." Avec humour, Novarina écrit: "Manger est nous transformer en un mort et cependant manger c’est vivre." Autrement dit, on n’assiste pas à ce Gala Novarinaire pour se faire raconter une histoire, mais plutôt pour découvrir un univers linguistique où triomphent le verbe, les sonorités audacieuses, les structures de phrase réinventées, les mots crus et la poésie. Bien qu’ils possèdent parfaitement leur texte, les comédiens livrent avec rapidité cette difficile partition, ce qui exige des spectateurs une concentration de tous les instants. Résultat: le public perd parfois le fil.

Relevant le défi de monter un spectacle dont les 11 comédiens, chiquement vêtus de rouge, de blanc et de noir, occupent la scène à parts égales, Manon Lussier a fondé sa mise en scène sur le choeur, un procédé qui amoindrit l’identité individuelle de chaque personnage pour mettre l’accent sur l’universalité de leur condition humaine. Ce concept donne lieu à de jolis mouvements d’ensemble. Parmi les interprètes, Anne Trudel, Julie Roussel et Guillaume Saint-Amand se débrouillent particulièrement bien. Le décor, à la fois sobre et éclaté, sert bien cette orgie de paroles déconcertantes.

Jusqu’au 15 décembre
À la salle Fred-Barry
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