Isabelle Belisle : Miroir, miroir…
Scène

Isabelle Belisle : Miroir, miroir…

Avec Regarde-moi!, l’artiste et jeune maman touche-à-tout Isabelle Belisle renoue avec les démons de son adolescence.

Après avoir participé à un projet d’écriture à plusieurs mains dans Libérés sur parole au Théâtre du Trillium l’an dernier, Isabelle Belisle signe ici sa première pièce de théâtre. Elle en assure également l’adaptation scénique auprès du Théâtre la Catapulte qui lui a fait une place bien au chaud dans sa programmation. Un enfant est venu se mettre sur la route de ce projet qui germe depuis cinq ans et qui a été matière à lectures et laboratoires – Prix ROSEQ Contact Ontarois 2007. OEuvrant auprès de la Catapulte en tant que metteure en scène, costumière et comédienne, Isabelle Belisle se sentait particulièrement interpellée par le public adolescent. "Son énergie, sa façon de réagir à un spectacle m’accrochent vraiment. J’avais envie de toucher une thématique de ce qui est acquis et inné en nous dans la formation de notre identité… Il faut dire que j’avais aussi des choses à régler avec ma propre adolescence!" ajoute celle qui était à cette époque perçue comme marginale en raison de son style vestimentaire qui détonnait alors de la mare d’élèves.

Regarde-moi! se veut une comédie fantastique où évolue un trio d’amis dépareillés qui forme un "noyau dur" parmi les laissés-pour-compte: il y a l’introverti, la brain et l’artiste. Mais voilà qu’un membre du trio se voit offrir un antique miroir hanté par une comtesse qui réveille chez qui s’y mire un désir excessif de se distinguer en se métamorphosant. Tour à tour, ils succomberont à cette survalorisation qui mettra leur amitié en péril.

"Les jeunes se perdent de plus en plus dans le paraître. Dans mon temps, ça commençait, mais aujourd’hui ça prend de plus en plus de l’importance avec l’hypersexualisation des jeunes filles, le modèle masculin du gars hip-hop avec une attitude… L’image prend tellement de place aujourd’hui qu’on en oublie un peu la profondeur derrière elle. Il y a aussi tous ces livres pour être le "plus meilleur", comme si on n’était jamais assez bon dans ce monde de la performance."

Suivant ce filon, le miroir agit ainsi comme un quatrième personnage, la Comtesse traduisant la "petite voix intérieure que l’on entend toujours dans notre tête quand on s’observe dans le miroir. On ne se regarde jamais dans notre tout, on se concentre toujours sur les choses qui nous déplaisent", constate l’auteure, rappelant du coup que l’aspect fantastique du miroir donne aussi une saveur comique et lyrique à la pièce.

Cherchant une équipe qui saurait reproduire cette aura particulière, la metteure en scène a fait appel à des comédiens émergents qui toucheront les planches de la Nouvelle Scène pour la première fois, soit Steve Arnold, Marika Lapointe, Josée LeBlanc et Andrée Rainville. "Je cherchais cette énergie; ils ne sont pas très loin de leur propre adolescence. Une des premières choses que l’on a faites en entrant en salle de répétition, c’est d’apporter nos albums de finissants pour se replonger dans cet état. On a ri de toutes les photos et des commentaires qui s’y trouvaient."

Replonger dans son adolescence, oui, mais Isabelle a-t-elle a créé la pièce qui l’aurait fait "capoter" elle-même ado? "C’est drôle, à un moment donné, je me suis détachée de ce qui me lie à la pièce et j’avais l’impression… pas que ça a une saveur années 80 – quoiqu’elles reviennent en vogue -, mais de regarder une pièce que j’aurais vue au secondaire. J’y ai donc mis les influences des pièces que j’ai vues alors, comme Où est ma gang?, celles de Louis-Dominic Lavigne", s’esclaffe-t-elle.

Après ses représentations devant public et devant 2500 étudiants de la région, la production entamera une tournée comptant dans son sillage Toronto, Sudbury, Thunder Bay et Vancouver.

Les 7 et 14 décembre à 20h
À la Nouvelle Scène
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