Contes urbains 2007 : Doux-amer
Les Contes urbains 2007 offrent le pire, le meilleur et l’entre-deux.
Depuis plus d’une décennie, le Théâtre Urbi et Orbi produit, chaque année, une nouvelle soirée de Contes urbains. Supervisée par Harry Standjofski, l’édition 2007 a ceci de particulier qu’elle réunit les plumes d’auteurs francophones et anglophones. Un mariage qui s’avère peu concluant. Sans être dénuée de bons moments, la soirée offre, il faut le dire, plus de déceptions que de réjouissances.
C’est bien connu, le sexe, le sang et les sécrétions en tous genres sont des sujets récurrents dans les Contes urbains. Certains auteurs arrivent à faire des miracles avec cette "matière première", à ficeler des histoires effrayantes qui nous tiennent en haleine jusqu’à la chute. Cette année, c’est rarement le cas. Avec Gravy Metal, d’Yvan Bienvenue, l’histoire d’un type qui doit se débarrasser d’une crotte de nez en pleine fête de famille, Stéphane Jacques fait de son mieux. Dans Le Maniaque au sifflet, de Claude Champagne, une réécriture plutôt banale de Rosemary’s Baby, Sébastien Rajotte met toute son ardeur à défendre un homme enfermé dehors en pyjama. Malheureusement, ça ne suffit pas. D’un style beaucoup plus poétique, deux contes donnent l’impression d’avoir été transplantés au coeur de la soirée. Sonia Vigneault défend l’étrange monologue de Catherine Kidd et Frédéric Blanchette la lettre disons impressionniste de Ian Ferrier. Avec Cul-de-sac, de Justin Laramée, Émilie Gilbert renverse la vapeur en incarnant avec conviction une jeune femme lucide et énergique, un personnage qui dit son désir dans une langue particulièrement imagée. Avec autant de verve, même l’épisode scatologique de la toilette qui déborde passe la rampe.
Dans son Conte de Noël urbain, Michel Tremblay permet à Nana de donner sa version des faits en ce qui concerne la fameuse histoire de l’ange en carton. Dans son élément, Louison Danis, si attachante, suscite un concert de rires et d’applaudissements. Mais c’est Joël Marin, un maître dans le genre, un vrai conteur, qui nous offre le moment de grâce de la soirée. Avec Krakeudfifs, une histoire fantastique, dans les deux sens du terme, peut-être le conte le plus émouvant que Bienvenue ait écrit, l’acteur nous suspend à ses lèvres, nous tire des larmes.
Jusqu’au 22 décembre
À La Licorne
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