Ghislain Bouchard : Opérer sa sortie
Il y a des oeuvres éphémères tandis que d’autres réussiront toujours à trouver un écho dans le présent, quelle que soit l’époque.
Joël Martel
Le dramaturge Bertolt Brecht compte parmi ces auteurs que nous connaissons tous sans trop le savoir. Il n’y a qu’à penser à cette fameuse Alabama Song que le groupe rock The Doors avait reprise sur son premier disque en 1967. Cependant, ce que nous offre le metteur en scène Ghislain Bouchard, c’est de redécouvrir L’Opéra de quat’sous et ce, de façon presque intégrale, hormis quelques parties de scènes jugées trop lourdes.
Laissons donc à Bouchard le soin de nous expliquer en quoi consiste cette oeuvre intemporelle de Brecht: "C’est une espèce de parodie de la société des années 30. Une moquerie de la royauté anglaise. Une dénonciation de la tricherie des institutions, des policiers qui complotent avec les bandits et qui s’associent avec les pires pour recevoir des pourcentages. Ça ressemble un peu à notre société." Il faut croire que malgré ses 75 ans au compteur, le metteur en scène n’a rien perdu de sa fougue: "Dans cette pièce, ce sont vraiment des choses qu’on retrouve, comme des politiciens qui se prennent pour le nombril du monde. Vous en connaissez peut-être un à Chicoutimi… Ce sont donc les relations et les chocs entre quatre groupes de la population qui créent le spectacle: les voleurs, les mendiants, les putains et les politiciens."
En plus d’avoir un contenu à portée très sociale, la pièce aura un effet très concret en la matière: "Ce spectacle est vraiment un truc de passionnés et de fous qui ont travaillé pendant des mois et des mois bénévolement, parce que les profits s’en vont directement à la maison ISA, qui s’occupe de femmes agressées sexuellement."
Après avoir monté 115 pièces, voilà que Ghislain Bouchard annonce que L’Opéra de quat’sous sera son chant du cygne. Avec une distribution de 29 comédiens augmentée de 3 musiciens, on sent que la retraite de Bouchard est loin d’être une question d’énergie: "En 56 ans de métier, c’est un temps d’arrêt pour moi. Maintenant, qu’est-ce que je ferai dans la vie? Je verrai bien parce que je suis toujours en forme!"
Le 14, 15 et 16 décembre
Au Petit Théâtre de l’UQAC
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